Generation

décembre 1, 2018 Non Par admin

Depuis que Jack Kerouac eut évoqué pour la première fois la Beat Generation, le terme a été universellement accepté par les critiques comme étant le plus adéquat pour décrire une rébellion sociale et littéraire d’importance en Amérique, un mouvement représenté par un petit groupe de poètes et romanciers authentiques et doués, ainsi que par un nombre bien plus grand de jeunes gens oisifs. Il estcependant nécessaire de comprendre avec plus de précision ce que Kerouac voulait dire en parlant de « Beat », car l’expression, laconique comme tout slogan, n’est pas en elle-même suffisamment explicite.
On a souvent affirmé que le mot « Beat » signifiait déprimé ou dégoûté. Mais Jack Kerouac réfutait pareille définition et affirmait que « Beat » évoquait le rythme de jazz, et était une autrefaçon de dire « Béatitude ». De plus Allen Ginsberg, dans une formule frappante a décrit les Beatmen comme étant des « hipsters à têtes d’anges ». Il a donc insisté sur les deux aspects qui caractérisaient la nouvelle génération : la révolte et l’attitude religieuse. Car « l’hipsterisme » faisait originellement référence aux efforts de certains noirs pour atteindre le détachement absolu, pourrester « cool » et échapper au rôle que la société américaine voulait leur faire jouer. « L’hipsterisme » est donc devenu le symbole de la révolte contre la société en général et a représenté un mouvement artistique important qui s’exprimait dans le « cool jazz ». Beatdom et Hipsterism, quête spirituelle et révolte, étaient donc les mots clés du vocabulaire de la nouvelle génération.
La BeatGeneration est née dans les années 50 et a succédé à la Grande Génération des années 20, dont faisaient partie des écrivains tous très brillants mais si différents les uns des autres, comme Hemingway, Dos Passos, Faulkner, Steinbeck ou Fitzgerald. A l’instar de ceux que Gertrude Stein a décrit comme étant « une génération perdue », la Beat Generation était issue d’une guerre mondiale et représentait uneforme de rébellion sociale. Toutefois, la comparaison entre ces deux générations ne peut pas être poussée trop loin. Une analyse approfondie montre que l’arrière plan historique et social des années 50 était constitué d’éléments entièrement nouveaux qui caractérisaient non seulement une nouvelle génération, mais aussi une nouvelle ère : celle de la bombe atomique.
Avec la possibilitéd’une destruction totale, il n’était plus possible de se référer aux valeurs traditionnelles. Certains des poètes et écrivains Beat, comme Kerouac, étaient encore jeunes à la fin de la seconde guerre mondiale, mais ont réalisé qu’un tel et énorme degré d’horreur n’avait jamais été atteint. C’était le temps de la crémation des juifs et de la destruction de cités entières, une époque qui a vu la mortinstantanée de millions de femmes et d’enfants en un instant avec une seule bombe atomique. A la fin de la guerre, le monde a réalisé que des millions de personnes avaient aveuglément suivi Hitler dans sa mégalomanie. Le monde était à la merci d’un fou, car il avait acquis l’effrayant pouvoir de s’autodétruire.
La civilisation de la bombe atomique avait plusieurs caractéristiques quifaisaient qu’un grand nombre de jeunes doutait des valeurs de la société dans laquelle ils vivaient. Une course aux armements frénétique avait commencé et la guerre froide avait suivi de près la seconde guerre mondiale. Il semblait que le monde ne retrouverait plus jamais la paix. En tout état de cause, l’Amérique n’était plus capable de tenir les rênes de la paix. Pour maintenir le pouvoir déjàacquis, l’Amérique s’en remettait au général Mac Arthur qui prit les commandes des forces des Nations Unies en Corée. A partir de cet instant, on pouvait craindre une guerre universelle.

Toute la psychologie des jeunes Américains s’en trouvait profondément bouleversée. Les attitudes morales devaient s’ajuster à la « civilisation cosmique ». Par ailleurs, l’Amérique était ébranlée par…