Surexplotation et menaces sur les ressource naturelles
INTRODUCTION
Le Delta du Saloum est situé au Centre Ouest du Sénégal sur la façade Atlantique. Il est constitué de trois bras principaux : le Saloum, le Diombos et le Bandiala. Cet estuaire est doté d’importantes ressources halieutiques. L’importance de ces ressources a permis une exploitation conduisant à la constitution d’un important capital fossile.
L’intensité avec laquelle se faitl’exploitation de ces ressources a poussé certains à dire que « dans le Saloum l’importance de la collecte des coquillages attestée par le volume des extractions, donne l’impression que les ressources halieutiques et fossiles sont renouvelables et inépuisables ».
Nous allons commencer dans un premier temps par commenter cette phrase. Dans un second temps nous essayerons de proposer des solutions à ceproblème.
Le Delta du Saloum est très riche en ressources halieutiques. L’exploitation de ces ressources définit deux types d’activités : la cueillette des coquillages et le pêche.
Les coquillages font l’objet d’une importante exploitation dans le Delta du Saloum. En effet, depuis longtemps, les populations s’adonnent à la cueillette des coquillages. Les coquillages les plus recherchés sont lesarches (Anadara senelis), les huîtres de palétuvier (Crassotrea gasar), les patelles (Patella safiana), les Cymbium et les Murex. Ces espèces sont très abondantes dans la zone. Elles sont collectées à marée basse dans les vasières ou dans la mangrove.
Cette activité de collecte est exclusivement réservée aux femmes. Ce sont-elles qui vont dans les zones momentanément exondées pour collecter lesmollusques à la main ou à l’aide de machette (pour les huîtres de palétuvier). Ainsi, après avoir collecté les coquillages, ils sont cuits au feu de bois dans des marmites avec peu d’eau. La cuisson dure 15 à 20 minutes. Ensuite, la chaire est séparée des valves et séchée au soleil. Les valves sont entassées près du lieu de cuisson. Le produit obtenu était destiné à la consommation locale.
Lerejet à long terme de ces valves conduit à la construction de collines appelées kjökkenmödding ou amas coquilliers. On en comptait 122 selon THILMAN et DESCAMPS, 1982. Le nombre est certainement beaucoup plus important. Le grand nombre de ces collines artificielles d’une dizaine de mètre de hauteur témoigne de l’importance des volumes extraits et de la ressource. Ces reliefs d’origine anthropiqueont servi dans le passé de site mortuaire pour les populations qui les ont édifiées. Ils renferment donc des tumulus (buttes artificielles formées par de terre ou de pierre ou du sable élevée au dessus d’une sépulture) ainsi que des vestiges (céramiques, ossements, métaux, foyers etc.) laissés par ces populations. Ces amas coquilliers constituent aujourd’hui une ressource dite fossile. Ils fontde plus en plus l’objet d’une intense exploitation pour divers besoins (la construction de bâtiments, fabrication de la chaux, etc.).
La pêche est également très pratiquée dans la zone. Elle constitue une intense activité de prélèvement sur la ressource. On pêche dans la zone des poissons (tilapias, mulets, machoîrons, entre autres) et des crustacées (crevettes) ainsi que certains mammifèresaquatiques comme les tortues, les lamantins, etc. Cette activité occupe une grande partie de la population de l’estuaire.
L’essentielle des captures était destinée à la consommation locale. Elle ne représentait pas de menace sur les ressources halieutiques et fossiles. Cependant, la situation a beaucoup changé dans le Delta du Saloum. En effet, la pression sur les ressources est de plus en plusforte. Deux facteurs expliquent cette situation. D’une part la croissance démographique sur la bande côtière plus particulièrement dans le Delta, d’autre part la croissance urbaine des villes côtières a conduit à l’accroissement de la demande en produit halieutique. Pour répondre à cette demande, les populations s’adonnent à une intense exploitation des ressources. A cela s’ajoute la crise…