Suicide en prison
Le suicide en prison est un sujet qui émeut depuis plus de vingt ans. Chaque article sur la psychiatrie en prison aborde ce sujet, évoquant une vague médiatique récente, c’était le cas dans unarticle de P. HIVERT en 1974. C’est aussi souligner le peu d’effet des mesures prises jusqu’ici.
Notons d’emblée que la population carcérale est jeune, 29 ans en moyenne et essentiellement masculine :95% d’hommes, 5% de femmes. La mort en prison n’est pas admise. Inacceptable pour les détenus, pour cette population jeune mourir est l’exception, et mourir en prison leur donne le sentiment que lajustice les a eu jusqu’au bout, jusqu’à garder leur corps. Les détenus atteints de pathologies à des stades incurables feront tout leur possible pour mourir en dehors de murs, soutenus par leur entourage(familles quand elle est présente, avocat, visiteur…). La mort en prison est inacceptable pour les familles, qui parfois n’ont pas vu venir les évènements, pour les co-détenus le malaise est grand, lesentiment d’un danger qui s’approche d’une insécurité mais aussi d’une culpabilité latente, renforcée par l’enquête systématique qui les entendra comme témoins voire comme suspects. Pour lessurveillants pénitentiaires la découverte d’un mort par suicide est un événement traumatisant, mais aussi le renvoie à un sentiment de responsabilité de surveillance, un sentiment de culpabilité, ce d’autantqu’il a pu ressentir vis à vis du détenu des sentiments de rejet ou de haine des actes commis…
Enfin pour la société : la prison a un rôle de punition et de surveillance mais sûrement pas de mort.La société veut bien punir mais ne veut pas tuer.
Le taux de suicide en milieu carcéral est particulièrement élevé et est en augmentation : 240 morts par suicide pour 100 000 détenus. La populationcarcérale étant de 55 000, le nombre annuel est de 125 morts par suicides par an.(1998)
Ces morts sont en augmentation depuis les années 1972-73 : les taux étaient respectivement de 129/100 000…