Peut-on se passer d’un maître?
PEUT-ON SE PASSER D’UN MAÎTRE ?
Le maître peut se comprendre de manières différentes. Ainsi, nous avons le maître au sens de « dominus » : qui est le rapport entre l’homme et l’esclave, ou le maître qui représente la domination, la force, le tyran. Mais « maître » peut aussi être un guide spirituel, rapport d’homme à homme: le maître et ses disciples, ou le rapport à l’éducation: le maître etses élèves, les parents et leurs enfants. Dans tous les cas, « maître » vient du latin « magister »: « celui qui est plus » que les autres. Le maître exerce donc une autorité, une domination, un pouvoir, sur un ou plusieurs individus.
Peut-on se passer d’un maître? Peut-on se passer d’une personne qui aurait une autorité sur nous? L’exercice d’un pouvoir sur soi est-il vraiment indispensable?Ne pourrait-on pas se détacher de cette autorité? Le problème serait donc de parvenir à se passer d’un maître pour accéder à une liberté totale, sans l’exercice d’une autorité sur soi. Serait-il possible à un peuple de se guider lui-même? Serait-il alors possible qu’un enfant s’éduque seul, en son propre maître, sans l’appuie d’un parent? Serait-il possible à un peuple de se guider lui-même?Serait-il possible à des hommes d’acquérir un savoir sans l’enseignement d’un maître?
Il y a des maîtres dont on pourrait se passer.
Prenons un exemple politique pas si lointain : Hitler. Maître, (Führer en allemand) du peuple allemand, choisit par les électeurs, a apporté l’horreur en Europe, la mort de millions de personnes dans des conditions abominables. Au rebours, l’Allemagne n’auraitcertainement pas choisit ce maître. Il est impensable d’avoir un tel homme à tête de son peuple, sachant la terreur qu’il aurait installé par la suite.
Autre maître dont des milliers de personnes auraient pu se passer, dans l’histoire, et encore de nos jours: Les acheteurs d’esclaves. Ces hommes se sont cru le droit d’aliéner la liberté d’autrui. L’esclavagisme consiste à faire de l’autre sapropriété, lui ôtant ainsi toute liberté, comme s’il n’était qu’une simple marchandise, le dépouillant de son humanité. Comme le dit Rousseau : « Renoncer à sa liberté, c’est renoncer à sa qualité d’homme. »
La liberté et l’autorité d’un maître semblent bien peu compatibles, antagonistes. Si la liberté consiste à pouvoir accomplir alors, tous ses désirs, sans aucun empêchement, alors les pouvoirspolitiques réduisent l’homme à la servitude. L’individu est forcément en conflit avec l’état qui lui impose des devoirs, des obligations, des interdictions : « Quiconque veut être soi-même est d’adversaire de l’état » Stirner. L’état étouffe l’individu, qui se passerait bien d’un tel maître. C’est le point de vue des anarchistes, qui ont pour slogan : « ni dieu ni maître ». Ce slogan refuse touteautorité politique et religieuse, dans la mesure où elle est de service avec l’état selon eux. Faudrait-il donc, abattre l’état?
Le peuple peut-être comparé à un ensemble d’enfants. L’état lui, comme le père, le guide de ce groupe: « Une tutelle officiellement et régulièrement établie par une minorité d’hommes compétents pour surveiller et diriger la conduite de ce grand, terrible, et incorrigibleenfant, le peuple. » Bakounine. Cette vision est impensable, voir humiliante pour certains. Mais si l’on suit cette affirmation, alors l’utopie des anarchistes serait un monde de désordre total, d’affrontements, car ces circonstances vont favoriser la violence. En effet, si deux individus convoitent une même chose, possédant des forces égales, et donc chacun la capacité de se l’approprier, il n’ypas de raisons que l’un des deux renonce. Cela entraîne logiquement un conflit. Des hommes sans lois se feront la guerre, car « l’homme est un loup pour l’homme ». C’est pourquoi une société sans autorité supérieure ne serait pas vivable. A moins que les hommes soient parfaits. Un société de saints pourrait se permettre de se d’autorité. « A la fin des temps, l’agneau pourra dormir avec le loup »…