Montagnards et aménagement de leur montagne
LES MONTAGNARDS ET L’AMENAGEMENT
DE LEUR MONTAGNE
Par le terme montagnard, il faut comprendre les communautés montagnardes ancrées dans le lieu qui les caractérisent. Ils représentent une entité importante, fort de leur nombre : ils forment environ 15 % de l’humanité soit près de 800 millions d’individus.
L’objet de cette étude consiste à se focaliser sur les rapports qu’entretiennentles habitants de la montagne à leur espace de vie. De quelle manière l’homme agit-il sur le territoire à priori contraignant qu’est la montagne ? Pour quels types de mises en valeur ou d’aménagements opte-t-il ? Comment s’accomode-t-il de ce milieu ?
L’aménagement est un terme géographique d’origine récente qui est utilisé pour désigner l’action concertée d’organisation du territoire. Il supposeune vue d’ensemble, des objectifs ainsi que des capitaux. La question est de savoir d’où vient cette volonté d’aménagement : de la montagne ? ou de l’Etat ? 2 échelles sont donc à prendre en compte.
Il existe differents types d’aménagement : L’aménagement agricole avec un accent mis sur les pentes. Elles ont pour corollaire des phénomènes gravitaires :érosion des sols et dynamiques de versant.Les fortes pentes sont donc sources de la fragilité des milieux. Autant de caractéritiques que se doivent de prendre en compte les sociétés montagnardes.
L’aménagement régional organisé par la communauté montagnarde concerne surtout l’habitat (villages, fermes).
L’aménagement national s’attache aux protections des zones en difficulté financière (si le budget de l’Etat aménageur le permet) ou deszones fragilisées (en proie au déperissement paysager). Le rôle des acteurs extérieurs est essentiel.
Quelle est la spécificité de l’aménagement montagnard ? Les montagnards sont-ils encore maîtres de l’organisation de leur espace ?
I La mise en valeur traditionnelle des milieux montagnards
II Un aménagement qui échappe de plus en plus aux sociétés montagnardes
I LA MISE EN VALEURTRADITIONNELLE DES MILIEUX MONTAGNARDS
A/ Des aménagements diffus, modestes
Les sociétés montagnardes ont cherché à aménager leur montagne depuis des millénaires.
Généralement elles sont peu nombreuses et disposent de possibilités limitées. Les cultures étant en majorité pauvres, ces sociétés pratiquent essentiellement l’élevage, c’est ce que certains auteurs ont appelé la « vocationpastorale » des montagnes. Le principe de base est l’estive, c’est à dire l’existence d’un pâturage d’été situé en dehors du village. Ce paturage peut être simplement sur un haut versant, à l’étage de la pelouse alpine, c’est l’alpe ou l’alpage que gagnent les troupeaux au printemps lors de la remue. Mais il peut être également lointain et le troupeau peut franchir des dizaines ou des centaines de kmpour gagner ses pâturages d’été.Ce phénomène de transhumance nécessite donc l’aménagement de sentiers, les drailles.D’où les multiplications d’opérations de défrichement des étages supérieurs à 1500/2000m. Il faut noter enfin qu’on observe un dédoublement de l’habitat entre les fonds de vallées et la montagne, notamment dans l’Himalaya.
L’objectif des sociétés montagnardes consiste à gérer lespotentialités du milieu. En ce qui concerne les sociétés agraires, elles luttent avant tout pour domestiquer la pente. Ce problème se résout assez systématiquement par le système des terrasses, espaces plans permettant la culture.Cette pratique, repandue sur toutes les montagnes du globe, peut se compléter par des systèmes d’irrigation, dont les plus performants sont ceux des rizières asiatiques,du Népal aux Philippines. Cette gestion des versants qui engendre un fort travail collectif se combine souvent avec une très forte adaptation à l’étagement. En effet, la nécéssité pour les paysans de montagne d’utiliser toute la palette des possibilités liées au milieu a conduit à une disposition verticale de leurs parcelles de terre. C’est une caractéristique fondamentale de l’adaptation…