Les fonctions d’une ville-monde

septembre 15, 2018 Non Par admin

jeudi 27 septembre 2007

DEUXIEME COURS (suite)
CHAPITRE 2. LA SCULPTURE ROMANE. 1 La couleur : elle est partout dans les églises romanes : aux murs, aux sculptures. 2 L’Iconographie : c’est celle d’une foi « terrifiée » : l’Apocalypse aux tympans.
L’homme du XII°siècle croit. Il croit en un Dieu absolument étranger, transcendant et qui n’a rien de commun avec l’homme. Un Dieu terrible dontla volonté est incompréhensible à l’esprit humain. La figure bysanthine du Dieu du tympan de Moissac est faite pour donner cette impression de puissance terrifiante. Il croit encore que la fin du monde est proche. Qu’elle peut le concerner directement. Que l’Apocalypse est pour demain sinon pour aujourd’hui. Le Dieu gothique se rapporchera de l’homme. Sa volonté distinguant clairement le bien dumal deviendra compréhensible et à l’Apocalypse se substituera au tympan des églises le Jugement Dernier. Le Dieu du gothique tardif, aux XIV° et XV° siècles deviendra plus « humain » encore : ce sera le Crucifié. Le Dieu touché par la mort : le Christ de pitié.

3 Les caractéristiques : le rejet du « réalisme ».
La sculpture romane ne s’inspire pas « de la nature ». La représentation de l’hommeapparaît « déformée ». Il faut comprendre les raisons de cette déformation. Elles tiennent essentiellement (cf Focillon) à la soumission de la sculpture au cadre architectural. A la domination de l’architecture sur la sculpture qui ne commencera à se libérer qu’à partir de l’âge gothique pour achever sa libération à la Renaissance.

3.a. Première loi : La soumission au cadre architectural (Facteurarchitectural).
Le chapiteau, la voussure constituent des cadres formels dans lesquels la sculpture doit entrer et, pour y parvenir, se plier. Ainsi, l’homme trapèze (ci-dessous) doit-il sa forme au claveau dans lequel il s’inscrit.

3.b. Deuxième loi : l’espace-lieu (Facteur métaphysique)
La théorie aristotélicienne, en vigueur au Moyen-Âge ne conçoit pas l’espace comme homogène à la façond’Euclide mais comme formé de lieux rigoureusement distincts et indépendants les uns des autres. Ce n’est pas indifférent pour un corps de se trouver en bas, en haut, à gauche ou à droite. A preuve le fait que la flamme s’élève puisque le haut est son lieu naturel; le fait que la pierre tombe puisque son lieu naturel est le bas. Plusieurs conséquences découlent de cette conception :

a. Chaque figureoccupe un lieu et l’occupe totalement.
S’ensuivent des déformations qui permettent seules à la figure de combler le lieu qui est le sien.

b. Chaque lieu est indépendant de chaque autre (par son contenu) : les chapiteaux du cloître de
Moissac s’enchaînent sans aucune logique alors qu’on aurait pu s’attendre, du fait de leur succession, à ce qu’ils racontent une histoire qui, partie de laGenèse, par exemple, pouvait aboutir à la Résurrection.

c. Chaque lieu est dépendant de chaque autre (par sa forme). En sorte chaque figure doit se plier à la
forme de la figure voisine (comme les pierres inégales du mur roman ajustent leurs formes les unes aux autres) et subir ainsi des déformations. Ci-dessous, à Moissac, les figures du Tétramorphe ajustées à la forme du lieu divin et celles desséraphins à la forme des lieux du Tétramorphe.

3.c. Troisième loi : la perspective hiérarchique (Facteur symbolique).
Le Moyen-Âge refuse la perspective linéaire qui sera celle de la Renaissance. C’est qu’il refuse de creuser illusoirement (autant que réellement) le « mur » qui est le vecteur de l’architecture romane. Mais, il n’ignore pas la perspective. Il met en place une perspectivehiérarchique : au centre, en haut et au lieu le plus grand, la figure la plus importante (Dieu, par exemple). A droite, en haut ce qui par ordre d’importance vient juste après, par exemple l’évangéliste le plus proche du divin : Saint Jean (l’aigle : celui qui regarde le soleil en face). A gauche, en haut : Saint Mathieu (l’ange) celui auquel l’ange lui-même a dicté son Evangile. A droite, mais en bas…