Le travail rend t-il libre
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Le travail rend-il libre ?
Introduction
Entrée en matière : Encore aujourd’hui, on peut lire à l’entrée de ce qui était le camp de travail d’Auschwitz l’inscription suivante : « Arbeit macht frei » (« Le travail rend libre »). Placée en ce lieu d’esclavage et de mort, l’affirmation nazie apparaît, plus qu’ironique, profondément nihiliste.
Énoncé du sujet : Ellesemble en tout cas nous inviter à la critique, et à nous poser cette question : le travail rend-il libre ?
Problématique : Ainsi formulée, la question renferme un présupposé implicite ; il y aurait passage d’un état de non-liberté à un état de liberté (« rend »), autrement dit, le travail serait libérateur. Or, le travail n’apparaît-il pas d’abord comme une contrainte, dont il faudrait s’affranchir ?Mais si tel est le cas, alors comment comprendre que l’homme continue à travailler alors même qu’il est parvenu à subvenir à ses besoins élémentaires ? Le travail n’est-il pas au contraire le moyen utilisé par l’homme pour se rendre indépendant de la nature ? Plus encore, n’est-il pas une source d’épanouissement personnel ?
I. Le travail comme contrainte.
Définition du travail : si letravail consiste dans une activité transformatrice, alors on peut dire que les abeilles travaillent lorsqu’elles construisent leur ruche ou qu’elles transforment le pollen en miel. Pourtant, on ne dit pas qu’il y a travail. Dès lors, comment définir le travail ?
Le travail, c’est certes une activité transformatrice d’un matériau sensible ou non, mais plus encore, il est production de biens qui ont unevaleur pour mon propre bien-être ou dans le cadre d’une relation d’échange. Le travail est création de valeur pour autant qu’il y a utilité à cette création, qu’elle profite à quelqu’un.
Ainsi défini, le travail peut tout d’abord apparaître comme une contrainte. Pour les Grecs en effet, travailler c’était s’aliéner au service de la matière ou d’autrui (notons toutefois que Hésiode a fait lalouange du travail, faisant de celui-ci un moyen d’existence plus honorable que la dépendance de l’oisif car il permettait une émancipation par rapport à la société).
Cf. l’étymologie du mot travail : « tripalium » = instrument destiné à ferrer les chevaux, puis par la suite, instrument de torture.
Le travail à l’origine semble exprimer la servitude de l’homme, et l’on peut regretter un état où l’hommen’avait pas besoin de travailler, et donc apparaissait libre.
Cf. Adam et le paradis originaire.
– Références à exploiter : Nietzsche, pour qui le travail est une aliénation qui capte les forces créatrices de l’homme, en les faisant produire uniquement ce qui est utile. Freud, qui considère quant à lui que la société impose par le travail ses vues sur l’individu. Rousseau et sa description del’état de nature.
Problème : si le travail est un mal nécessaire, pourquoi l’homme continue t-il à travailler quand il est parvenu à subvenir à ses besoins élémentaires ?
II. Le travail comme libération à l’égard de la nature.
Dans l’état de nature, l’homme ne transforme rien puisque tout lui est disponible directement. Les choses n’ont pas de valeur puisqu’elles sont offertes gratuitementsans autre effort que celui de se les procurer.
En ce sens, l’homme primitif à l’état de nature n’est pas libre car il est dépendant de la prodigalité naturelle. Il est soumis aux aléas de son environnement.
Le travail, tel qu’il apparaît notamment avec l’agriculture est quant à lui transformation car l’homme utilise ce qu’il a à disposition de manière à surmonter ces aléas. Ce n’est plusseulement la nature qui produit ses fruits, mais l’homme qui modifie lui-même cette production en la contrôlant. Travailler c’est mettre en œuvre un projet réfléchi de transformation du réel qui consiste à en nier l’apparence première conformément à des règles que la nature ne fournit pas, mais qui sont élaborées par l’intelligence.
Le travail rend libre car il permet de se détacher de la tutelle…