La nouvelle de didier daeninckx

décembre 14, 2018 Non Par admin

Introduction :
Depuis les origines de l’humanité le racisme a souvent écrit l’Histoire mais il constitue aussi le sujet privilégié de bien des histoires, songeons par exemple à la nouvelle de Maupassant, « Boitelle », ou aux romans de la négritude. La nouvelle de Didier Daeninckx, intitulée « Le Reflet » et publiée en 1994 dans le recueil Main courante, apporte un regard original ethumoristique sur cette question. Il s’agit, en effet, pour son auteur de dénoncer ce fléau dans un court récit, proche de l’apologue, mettant en scène un vieillard aveugle et foncièrement raciste.

Problématique :

Il s’agira de démontrer comment cette nouvelle, qui repose sur le portrait en action d’un individu odieux, permet la dramatisation et la dénonciation du racisme qui atteint ici un paroxysmeridicule.

Annonce du plan :

Nous analyserons initialement le portrait de ce personnage haineux puis étudierons la visée satirique et moralisatrice de cette nouvelle.

Développement

Introduction du premier axe : La nouvelle s’organise autour du personnage doublement dominant du vieil aveugle, personnage central du récit, mais aussi véritable tyran en sa demeure.
Sous axe 1 : un personnageviolent : Cet individu se caractérise d’abord par son agressivité ainsi qu’en témoigne les nombreux termes relevant du champ lexical de la violence comme « gueuler », « agonir », « führer », « serrant les dents » ou encore « hurler » et « air terrible ». Il s’illustre d’emblée par sa violence verbale ainsi que le signifie la gradation « gueuler, éructer, agonir » qui suggère une agressivité sanscesse grandissante. L’adverbe de temps « toujours », renchéri par l’imparfait itératif en souligne, en outre, la fréquence. Une expression comme « ça fusait » laisse à entendre que les échanges verbaux agressifs jaillissent fréquemment et en grand nombre. Le verbe « gueuler », qui relève du niveau de langue familier, permet une animalisation du personnage et suggère une certaine « sauvagerie » duvieillard que viennent confirmer des expressions vulgaires comme « Foutez-le dehors ». Cette violence verbale, donnée à entendre dans les allitérations en [R] et en [g] qui disent toute l’agressivité de l’aveugle, est rendue plus manifeste par le recours au discours direct des lignes 10 à 12. Ce court passage de dialogue, incluant des expressions haineuses comme « Enfants de pute » et desexclamations virulentes, en constitue, en effet, une illustration en actes et en paroles. La ponctuation, enfin, par le biais des points de suspension à la ligne 12, témoigne de la façon dont le vieillard coupe violemment la parole de l’autre et la lui confisque en l’empêchant de répondre.
A cette violence verbale, s’adjoint une violence physique, notamment à travers deux gestes symboliques : les mainsplaquées sur le visage pour évaluer le physique des candidats à un poste lors des entretiens d’embauche, et la façon dont il scotche un billet pour réduire un éventuel noir au silence. Mais cette scène d’embauche démontre aussi toute la violence morale du personnage qui tient au thème même de la nouvelle : le racisme. Toutefois, il se montre pareillement odieux avec ses employés, même triés sur levolet, ainsi qu’en témoignent les termes « asticoter » ou « persécutions ». Le vieil aveugle semble, en effet, prendre un malin plaisir à ennuyer, à harceler même son entourage. Ainsi sa violence appelle celle des autres, contrainte elle de demeurer hypocrite, comme le suggère l’antithèse « Apprendre à sourire dans le vide en serrant les dents » ou encore l’opposition entre la préposition « devant» et le groupe « dès la porte franchie » qui indique combien « ses gens » ont besoin de se défouler et de se décharger de toute l’agressivité ainsi accumulée. Il se dégage d ce château une atmosphère extrêmement tendue et pesante.
Sous axe 2 : un personnage tyrannique : L’analyse des relations entretenues par les différents protagonistes de l’histoire fait apparaître, en effet, que ce…