La notion de classe ouvrière peut-elle encore servir à penser les évolutions sociales récentes ?
La notion de classe ouvrière peut-elle encore servir à penser les évolutions sociales récentes ?
Au cours des Trente Glorieuses, le sort de la classe ouvrière a nettement été amélioré grâce à une croissance soutenue tout au long de cette période. Cette amélioration se traduit par une augmentation du salaire, du niveau de vie, de la capacité de se loger décemment, uneperspective d’ascension sociale, en particulier pour les générations qui suivent. Pourtant, la situation d’aujourd’hui semble s’être inversée et le futur de la classe ouvrière parait peu à peu se dégrader.
Il convient pourtant de définir plus clairement ce que représente la notion de classe ouvrière, de même ce que sous-entendent les évolutions sociales récentes. Par classe ouvrière, onentend une catégorie sociale dont la rémunération ne se fait que par la vente de sa force de travail. Peu qualifiée, cette classe ne peut que très faiblement espérer gravir les échelons de la société, dont elle compte parmi les catégories socioprofessionnelles (CSP) les plus désavantagées. Par évolutions sociales récentes, nous entendons les changements survenus depuis la fin des Trente Glorieusesjusqu’à aujourd’hui, changements qui concernent l’ensemble de la société, de la classe ouvrière aux élites. Ces changements se sont présentés sous diverses formes, telles que la paupérisation des classes inférieures, un transfert des conflits sociaux de la classe ouvrière vers d’autres types de professions, notamment dans le secteur public, qui souffre de l’incapacité de l’Etat à améliorer lasituation de ses fonctionnaires d’une part, et à créer de nouveaux emplois d’autre part. Nous pouvons cependant nous demander si cette notion de classe ouvrière est encore pertinente dans l’étude des changements sociaux depuis les Trente Glorieuses. En effet, le terme de classe ouvrière permet une vision simplifiée de ce groupe social distinct, et de percevoir les évolutions de ce groupe par rapportaux autres, ainsi que les différents conflits qui peuvent les opposer. Mais cette vision demeure cependant insuffisante car cette CSP contient en elle-même une certaine forme de stratification marquée par de fortes inégalités qui peuvent exister entre ses membres. Dès lors, on peut douter d’une réelle cohésion au sein de la classe ouvrière.
Plusieurs questions se posent. Comment etpourquoi des individus en sont arrivés à s’unir, formant la classe ouvrière ? Comment, aujourd’hui, cette classe interagit-elle avec les autres groupes sociaux ? Finalement, parlons nous réellement d’un groupe homogène et unis ?
Il faudra donc mettre en évidence que, par le passé, ceux qui autrefois ont formé ce qui est la classe ouvrière se sont unis afin de défendre leursintérêts. En effet, ceux-ci se sont trouvés opposés à d’autres groupes sociaux, ce qui entraina de nombreux conflits. Jusqu’à aujourd’hui, la situation de la classe ouvrière a connu une évolution notable, notamment grâce à la période des Trente Glorieuse. Ainsi, la nature des conflits sociaux tend a changer. Pourtant, la classe ouvrière présente des divergences. En effet, les retournements économiques qu’aconnu la France au cour de la fin du 20° siècle ont crée de nouvelles inégalités entre les membres de la classe. Ainsi nait une stratification au sein même du groupe par une discontinuité visible au niveau scolaire, culturel, et de la vie plus généralement. On remarque finalement une désolidarisation a l’intérieur de la classe.
La classe ouvrière semble donc tout d’abord être entous points différente aux autres classes, tant par son histoire que par ces caractéristiques.
Ceci a tout d’abord été visible dans les nombreux conflits qui ont marqué le début de l’ère industrielle. En effet, à plusieurs reprises le mouvement ouvrier a été le moteur de revendications qui aboutirent à d’importantes grèves, si ce n’est à de véritables conflits armés, comme a pu…