La justice
Justice occidentale [modifier]
Justice et inégalitéLa justice est polymorphe, dépendant des époques et des civilisations.
Pour la philosophie occidentale antique, la justice est avant tout une valeur morale. La « justice morale » serait un comportement alliant respect et équité à l’égard d’autrui. Cette attitude, supposée innée dans la conscience humaine serait elle-même à l’origine d’un «sens de la justice », valeur universelle qui rendrait l’être humain apte à évaluer et juger les décisions et les actions, pour lui-même et pour autrui. La justice en tant qu’institution est l’organe social constitué de la justice en tant que fonction qui doit « rendre la justice » et « dire le droit ».
La culture populaire a retenu des expressions consacrées comme la « justice de Salomon » etcelle d’Aristote, la « justice d’Antigone » opposant les « lois non écrites » de la conscience aux lois écrites de la Cité.
La notion de justice désigne à la fois la conformité de la rétribution avec le mérite et le respect de ce qui est conforme au droit d’autrui : elle est donc indissociablement morale et juridique. Mais le concept est aussi culturel et ses applications varient selon lescoutumes, les traditions, les structures sociales, et les représentations collectives. En philosophie, la justice renvoie à d’autres concepts comme la liberté, l’égalité, l’équité, l’éthique, la paix sociale. De manière générale, on distingue la justice dans son sens moral, l’on parle alors de légitimité, et la justice dans son sens juridique, l’on parle alors de légalité.
L’histoire de la notionde justice est liée à l’histoire des peuples et des civilisations. Ses diverses conceptions et applications sont le résultat de la pensée et des conditions de vie de l’époque. Son étude exige donc une approche mêlant philosophie, théologie, économie, morale et Droit politique.
Pour des raisons de clarté, cet article traite séparément de la justice dans ses trois acceptions :
la justice ausens philosophique d’idéal, individuel ou collectif,
la justice comme norme émanant d’une société ou d’un corps d’autorité,
la justice comme institution caractéristique des sociétés humaines.
Définition [modifier]
Article détaillé : justice sur le Wiktionnaire. Étymologie [modifier]
La justice, une activité religieuse : William Rehnquist jurant sur la Bible, lors de son investiture à laprésidence de la Cour suprême des États-Unis (1986).L’étymologie du mot Justice est conforme à son histoire. Le droit romain, créateur de la première justice-institutionnelle de l’histoire est aussi à l’origine linguistique du mot. En latin, la justice se dit « justitia,ae » (écrit dans cette langue « iustitia »), nom féminin provenant de « justus » qui signifie « conforme au droit », ayant lui-mêmepour racine, « jus – juris » « le droit » au sens de permission, dans le domaine religieux. Son étymon est parent avec le verbe « jurare », « jurer » qui désigne une parole sacrée, proclamée à haute voix. Proche, le mot « juge » renvoie au latin « judex » qui signifie « celui qui montre »[3].
Néanmoins, d’autres pistes étymologiques sont avancées. Dans Jus et le Code civil : Jus ou la cuisineromaine de la norme, Robert Jacob[4] propose une étymologie formée à partir du mot « jus » (la sauce en latin), lié alors à la symbolique sacrificielle.
Le philosophe britannique, John Stuart Mill[note 2] estime que le terme « justice » est dérivé du verbe latin « jubere » – « ordonner, décréter » – ce qui permet d’établir un lien entre l’ordre qui énonce le droit et le juste qui lui estconforme. La philologie moderne porte intérêt aux origines religieuses du terme, indiscutables ; il aurait ainsi pour racine le sanskrit « ju », qui se retrouve dans des termes comme « jugum » (le « joug ») ou le verbe « jungere » (« joindre, unir »), notions où domine le sème du sacré[5].
La justitia latine, cependant, ainsi que le jus, se sont de bonne heure séparés de la religion, même si les…