La consomation de mènages en algerie

novembre 18, 2018 Non Par admin

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Le?paradoxe?de?la?consommation?inégalitaire?en?Algérie??
AHMED?BOUYACOUB?

1° En Algérie, il n’y a jamais eu de véritable débat sur la consommation, c’est-à-dire sur le rôle et le poids de la consommation des ménages par rapport à l’investissement et à l’épargne. Du temps de l’économie administrée, il avait été décidé d’accorder la priorité à l’investissement, et l’Algérie s’estretrouvée avec le taux d’investissement – c’est-à-dire, le rapport entre la formation brute de capital fixe (FBCF) et le Produits intérieur brut (PIB) – le plus élevé du monde atteignant son maximum avec 48,60 % en 1978 pour se stabiliser progressivement autour de 20 % à partir du début de la décennie 2000 jusqu’à aujourd’hui. Pourtant, le taux le plus élevé d’investissement par rapport aux pays voisinset aux pays en développement n’a pas assuré à l’Algérie un taux de croissance plus élevé que celui enregistré dans ces pays. Au contraire, ce taux d’investissement élevé, sur le long terme n’a produit qu’un taux de croissance très modeste et plus faible que celui des pays comparables1. A l’inverse de ce taux d’investissement élevé, le taux de consommation des ménages en Algérie a toujours étérelativement plus faible que celui des pays comparables. Il a atteint le sommet avec 61,80 % en 1989 pour redescendre progressivement et lentement vers 31,27 % en 2007. Bien évidemment, le faible niveau de ce taux s’explique par le « gonflement » du PIB algérien suite à la hausse du prix du pétrole. Mais, il indique tout de même que le taux de consommation n’a pas connu une envolée grâce à l’envoléedes prix du pétrole. 2° L’évolution de la consommation2 des ménages ne peut pas être analysée de manière complète à partir seulement du taux de consommation (par rapport au PIB). On utilise souvent l’indicateur de la consommation des ménages par tête d’habitant en dollars constants. En monnaie constante, cet indicateur exclut, bien entendu, l’effet de l’évolution des prix. Les données de la Banquemondiale consacrent de nombreux calculs à la consommation des ménages par pays. Pour l’Algérie, ces données indiquent que la consommation des ménages par tête était relativement très faible dans les années soixante (à peine 315 $ par habitant en 1962 en dollars constants 2000) et a atteint son maximum en 1985 avec 1114 dollars (dollars constants de 2000). A partir de cette date, la consommation partête n’a pas cessé de baisser jusqu’à atteindre le niveau le plus faible, soit 726 $ en 1997. Depuis 1998, elle a commencé à augmenter jusqu’à atteindre 968 $ en 2007. La consommation par tête d’habitant en 2007 est donc encore inférieure au niveau qu’elle a atteint en 1985. La courbe sur 45 ans est en forme d’un grand N. En 1985, le niveau de consommation par tête en Algérie était supérieur àcelui du Maroc, de la Tunisie, de l’Egypte, de l’Iran et d’un très grand nombre de pays en développement. Celle d’un pays développé comme la France était de l’ordre de 9727 $, soit 8,75 fois celle de l’Algérie. En 2007, en moyenne, le Français consomme presque 15 fois plus que l’Algérien. Mais les pays en développement ont aussi rattrapé et dépassé le niveau de l’Algérie comme le Maroc avec 998$, laTunisie 1632 $, l’Egypte 1329 $ et l’Iran 1118 $ pour ne citer que ces exemples. A ce stade, deux conclusions s’imposent. Premièrement, le niveau de consommation actuel par tête d’habitant en dollars constants est plus faible que celui de l’année 1985, malgré la croissance amorcée depuis 1998, correspondant à la fin de la mise en œuvre du programme d’ajustement structurel (PAS). Deuxièmement, leniveau actuel de la consommation par tête d’habitant en Algérie est plus faible que celui des pays comparables. Il est le plus faible des pays du pourtour de la méditerranée ! La question est de savoir pourquoi ce recul de la consommation des ménages par tête d’habitant sur le long terme et pourquoi, malgré les ressources investies, l’Algérie ne rattrape même pas son niveau de l’année 1985 ?
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