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Nous savons depuis plus de dix ans que le genre des individus et leur sexualité sont des facteurs significatifs de transmission du VIH et nous savons maintenant qu’ils ont également une influence sur le traitement, les soins et le soutien reçu. Ces deux termes demeurent néanmoins mal compris et utilisés de manière inadéquate. Le genre est une notion qui va bien au-delà de la notion de sexe. Il seréfère, au sein d’une société donnée, aux attentes et normes largement partagées concernant la conduite appropriée de l’homme et de la femme, leurs caractéristiques et leurs rôles. Nous avons affaire à une construction sociale et culturelle qui différencie les femmes des hommes et définit les façons dont ils interagissent.
Le genre étant un concept lié à une culture spécifique, il existe desdifférences significatives entre ce que les femmes et les hommes peuvent faire d’une culture à l’autre. Mais une constante au sein des différentes cultures est qu’il y a toujours une différence nettement établie entre les rôles impartis aux femmes et aux hommes en ce qui concerne l’accès aux ressources productives et au pouvoir de décision. Typiquement, l’homme est considéré comme responsable desactivités productives extérieures alors que la femme est garante de la reproduction et des activités ménagères. Après plus de vingt ans de recherches sur le rôle des femmes en matière de développement, nous savons que les femmes ont moins accès que les hommes aux ressources productives, ressources telles que les revenus, la propriété, le crédit et l’éducation. L’étendue de cette différence varieconsidérablement d’une culture à l’autre, mais elle persiste presque toujours.
La sexualité est distincte du genre mais reste malgré tout intimement liée. Il s’agit de l’interprétation sociale d’un instinct biologique. La sexualité d’un individu est définie par différents aspects : avec qui la personne a une relation sexuelle, de quelle manière, pour quelles raisons, dans quelles circonstances etavec quelles conséquences. Plus que d’un simple comportement sexuel, il s’agit d’un concept multidimensionnel et dynamique. Les règles explicites et implicites qu’impose la société quant au genre, à l’âge, aux statuts économique et ethnique d’un individu influencent sa sexualité.
Au centre où je travaille, l’International Center for Research on Women (ICRW), nous parlons des composants de lasexualité comme des 4 P : pratiques, partenaires, plaisir/pression et procréation. Les deux premiers définissent des aspects du comportement : comment a-t-on des relations sexuelles et avec qui, alors que les deux suivants relèvent des motifs sous-jacents. Mais nous avons appris, à travers les données recueillies au fil de nombreuses années, qu’il existait un cinquième P de la sexualité qui est le plusimportant, celui du pouvoir. Le pouvoir sous-jacent à toute relation sexuelle, hétérosexuelle ou homosexuelle, détermine la façon dont tous les autres P sont exprimés et vécus. Le pouvoir détermine à qui le plaisir se donne en priorité et quand, comment et avec qui la relation sexuelle aura lieu. Chaque élément de la sexualité est intimement relié à l’autre mais le rapport de forces dans unerelation sexuelle en détermine l’issue.
Le pouvoir est une donnée fondamentale, à la fois en ce qui concerne le genre et la sexualité. Le rapport inégal, qui s’inscrit dans une relation entre les deux genres et favorise les hommes, se traduit par un rapport de forces inégal dans les relations hétérosexuelles où le plaisir masculin l’emporte sur le plaisir féminin. L’homme exerce, de plus, un contrôleplus important que les femmes sur le moment, le lieu et la façon dont l’acte sexuel aura lieu. Une compréhension des comportements individuels sexuels, masculins et féminins, nécessite une prise en compte de la façon dont le genre et la sexualité résultent d’un jeu de forces sociales, culturelles et économiques qui déterminent la répartition du pouvoir.
La recherche soutenue par l’ICRW et…