De l’étrangeté a l’absurde
De l’étrangeté à l’absurde
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L’étranger ?
L’étranger, c’est Meursault, présent à chaque ligne du roman dont il prend en charge la narration mais étonnamment absent à tout ce qui l’entoure, indifférent au monde. De cette distance par rapport aux êtres et aux choses (hormis le monde naturel/Meursault sensible) naît le caractère étrange du héros, déstabilisateur pour le lecteur(voir 1ère partie, incipit, passage de la morgue, journée du dimanche, passage sur le mariage avec Marie…).
Meursault est d’abord étranger au jeu social (ne « respecte » pas les conventions par rapport au rituel de la mort par exemple – fume dans la morgue, boit un café, établit une liaison avec Marie alors que sa mère vient de mourir, va voir un fil comique alors qu’il est en deuil…), à lareligion. Meursault préfère en effet sa propre vérité, accepte ce qu’il est sans vouloir paraître, refuse de rentrer dans le rôle du fils aveuglé par une peine qu’il ne ressent pas, refuse de rentrer dans le rôle du criminel se repentant d’un meurtre qu’il ne regrette même pas…
Ensuite, Meursault est étranger aux autres hommes. Sans les rejeter (puisqu’il travaille, est sur le point de semarier, se fait des amis…) il n’est pas à l’origine des actes qui le sociabilisent : il les accepte parce qu’il ne voit pas de raison de les refuser. Il dit souvent que tout se vaut, que rien n’a d’importance, que tout lui est égal. Il n’agit pas et se montre la plupart du temps passif. Les véritables « options », les choix, il les prendra lorsqu’il sera en prison, sous la forme du refus. Exclude la société, prisonnier attendant son procès, puis condamné attendant son exécution, il se pliera à la justice des hommes en refusant tout secours, humain ou divin.
Enfin et peut-être surtout, Meursault semble étranger à lui-même. Dans la première partie du roman, il n’est pas intéressé par ce qui lui arrive (il ne participe pas). Il laisse l’initiative aux autres et se borne à un rôled’observateur (minutieux cependant). Il se montre toujours réservé, distant, étonné des événements et semble souvent ne pas comprendre (« cela ne veut rien dire »). Dans la deuxième partie, et tout particulièrement lors de son procès, il est étranger à sa propre affaire : comme s’il n’était pas l’auteur du crime qu’on lui reproche (voir explication où Meursault spectateur de son propre procès !). Ilne parvient pas à se mettre dans la peau d’un criminel, étranger au monde de la justice dont il ne comprend pas les enjeux. Pourtant, durant les onze mois d’interrogatoires, il commence à percevoir qu’il est écarté de sa propre affaire, sans jamais chercher à analyser les raisons de cette mise à l’écart, et durant les deux jours que durera le procès, ce sentiment ira s’amplifiant. C’est bel etbien au cours de cette deuxième partie que Meursault s’ouvrira à la conscience de lui-même, à la découverte de ce qui constituait les bonheurs de sa vie d’homme libre, et cette prise de conscience l’amènera à la révolte, à l’affirmation de son identité, de ses certitudes, des ses refus, de ses choix.
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Le sentiment de l’absurde
La philosophie de l’absurde. Un roman est unephilosophie en images » dira un jour Camus. => On pourrait dire que L’Etranger trouve ainsi son explication dans un ouvrage écrit au même moment, Le mythe de Sisyphe.
Définition de l’absurde.
« Angoisse de l’homme en face d’un monde dépourvu de sens ainsi que les conduites mensongères qu’il adopte pour échapper à la lucidité ou à la liberté. »
L’absurde naît de la confrontation entre lecaractère irrationnel du monde et de « le désir éperdu de clarté dont l’appel résonne au plus profond de l’homme ». L’absurde n’est ni dans l’homme ni dans le monde, mais dans leur présence commune. Il naît de leur antinomie.
La notion d' »absurde » parcourt le XX siècle (naît entre les deux guerres) On parle de « théâtre de l’absurde » en évoquant Beckett et Ionesco mais cette notion reste…