Corrige bac philo sur le langage

décembre 31, 2018 Non Par admin

Bac philo 2009, L : Le langage trahit-il la pensée ? Corrigé
Le langage trahit-il la pensée ?

Analyse du sujet et problématique

Le langage est traditionnellement considéré comme l’instrument privilégié qui permet, à l’oral comme à l’écrit, mais également à travers le langage mathématique ou le langage des gestes, de traduire la pensée. En grec, le logos signifie d’ailleurs à la fois penséerationnelle et langage.

Il arrive toutefois, dans certaines circonstances, que ce que nous disons ne corresponde pas à ce que nous pensons réellement : incapacité à bien formuler sa pensée, difficulté à transmettre les nuances de la pensée, ou encore lapsus révélateurs, balbutiements et autres problèmes d’élocution qui viennent « brouiller le message ». Il est également courant de trahir lapensée des autres ou d’être victime d’une trahison de sa pensée par autrui. Ainsi le langage trahit-il quelquefois la pensée.

Mais il s’agit de savoir si le langage, par ses aspects sensibles, sa logique propre, sa pluralité, trahit plus fondamentalement la pureté rationnelle et universelle de la pensée. L’hypothèse est la suivante : parce qu’il appartient à une autre sphère que la penséeabstraite, le langage, par essence, serait en décalage avec elle. On ne pourrait jamais vraiment bien dire ce qu’on pense, ni comprendre totalement ce qu’autrui veut dire. Ceci paraîtrait désespérant, puisqu’on ne pourrait jamais vraiment formuler des vérités ni communiquer totalement avec les autres.
Mais tout dépend ici de ce que l’on entend par « trahir » : manquer à quelque chose que l’on devaitobserver (trahir sa parole), tromper (trahir quelqu’un), ou encore révéler (comme une rougeur trahit le trouble). Ainsi la différence entre pensée et langage peut-elle être considérée comme une simple erreur à réparer, une malédiction de la pensée ou la révélation de sa nature même — la pensée n’existerait pas sans le langage qui l’exprime, la déforme, mais également l’exalte.

PLAN POSSIBLE

Lelangage, sauf exceptions, ne trahit pas la pensée

Point de départ : le sens commun concevant le langage comme l’outil propre à traduire la pensée, les potentielles trahisons du langage ne sont que des erreurs de transmission que l’on peut réparer par un meilleur usage de la raison et du langage

La transparence du langage à la pensée rend impossibles les trahisons.

« Ce qui se conçoit biens’énonce clairement » écrit Boileau au 17e siècle. Si nos pensées sont claires et précises, leur expression dans le langage le sera également. Si nos idées, en revanche, sont confuses, embrouillées, ampoulées ou absurde, le langage les transmettra telles quelles. Un langage limpide reflète une pensée rigoureuse (comme dans une bonne dissertation), tandis qu’un jargon incompréhensible mettre enévidence une réflexion obscure et inaboutie.

Référence. Le classicisme du 17e siècle (Boileau, Malherbe, La Fontaine, Racine…).

La transparence du langage à la pensée, un travail perpétuel

Reste que le langage, comme la pensée, se travaillent pour gagner en évidence. René Descartes, qui trouve que le style des penseurs scholastiques (interprètes médiévaux d’Aristote) est aussi obscur queleurs conceptions de l’âme, du corps, du monde ou de Dieu, s’applique à élaborer une méthode de réflexion mais également un art d’écrire. Il lui faut établir de nouvelles définitions des concepts traditionnels de la métaphysique, être accessible à tous, allier l’élégance et la clarté dans l’écriture. Si Descartes propose plusieurs versions de sa nouvelle philosophie (Discours de la méthode,Méditations métaphysiques, Principes de la philosophie), c’est qu’il réélabore sa pensée pour la rendre toujours plus claire.

Référence. Descartes, Discours de la méthode.

C. Des trahisons inévitables ?

Mais si le philosophe réélabore son langage, c’est que la transparence du langage à la pensée n’a rien d’évident. Le philosophe écossais David Hume a ainsi publié un Traité de la nature humaine…