Assa

décembre 22, 2018 Non Par admin

HISTOIRE
DE

L’AFRIQUE SEPTENTRIONALE
(BERBÉRIE) DEPUIS LES TEMPS LES PLUS RECULÉS
JUSQU’À LA CONQUÊTE FRANÇAISE (1830

Arrivé en Algérie il y a trente-quatre ans ; lancé alors au milieu d’une population que tout le monde considérait comme arabe, ce ne fut pas sans étonnement que je reconnus les éléments divers la composant : Berbères, Arabes et Berbères arabisés. Frappé du problèmeethnographique et historique qui s’offrait à ma vue, je commençai, tout en étudiant la langue du pays, à réunir les éléments du travail que j’offre aujourd’hui au public. Si l’on se reporte à l’époque dont je parle, on reconnaîtra que les moyens d’étude, les ouvrages spéciaux se réduisaient à bien peu de chose. Cependant M. de Slane commençait alors la publication du texte et de la traductiond’Ibn-Khaldoun et de divers autres écrivains arabes. La Société archéologique de Constantine, la Société historique d’Alger venaient d’être fondées, et elles devaient rendre les plus grands services aux travailleurs locaux, tout en conservant et vulgarisant les découvertes. En?n, la maison Didot publiait, dans sa collection de l’Univers pittoresque, deux gros volumes descriptifs et historiques sur l’Afrique,dus à la collaboration (le MM. d’Avezac, Dureau de la Malle, Yanosky, Carette, Marcel. Un des premiers résultats de mes études, portant sur les ouvrages des auteurs arabes, me permit de séparer deux grands faits distincts qui dominent l’histoire et l’ethnographie del’Afri-

II

PRÉFACE

que septentrionale et que l’on avait à peu près confondus, en attribuant au premier les effets du second.Je veux parler de la conquête arabe du VIIe siècle, qui ne fut qu’une conquête militaire, suivie d’une occupation de plus en plus restreinte et précaire, laissant, au Xe siècle, le champ libre à la race berbère, affranchie et retrempée dans son propre sang, et de l’immigration hilalienne du XIe siècle, qui ne fut pas une conquête, mais dont le résultat, obtenu par une action lente qui se continueencore de nos jours, a été l’arabisation de l’Afrique et la destruction de la nationalité berbère. Je publiai alors l’Histoire de l’établissement des Arabes dans l’Afrique septentrionale (I, vol. in-8, avec deux cartes, Marle-Challamel, 1875), ouvrage dans lequel je m’efforçai de démontrer ce que je demanderai la permission d’appeler cette découverte historique. Mais je n’avais traité qu’unpoint, important, il est vrai, de l’histoire africaine, et il me restait à présenter un travail d’ensemble. Dans ces trente-quatre années, que de documents, que d’ouvrages précieux avaient été mis au jour ! En France, la conquête de l’Algérie avait naturellement appelé l’attention des savants sur ce pays. Nos membres de l’Institut, orientalistes, historiens, archéologues, trouvaient en Afrique une mineinépuisable, et il suf?t, pour s’en convaincre, de citer les noms de MM. de Slane, Reynaud, Quatremère, Hase, Walcknaer, d’Avezac, Dureau de la Malle, Marcel, Carette, Yanoskv, Fournel, de Mas-Latrie, Vivien de Saint-Martin, Léon Rénier, Tissot, H. de Villefosse. En Hollande, le regretté Dozy publiait ses beaux travaux sur l’Espagne musulmane. En Italie, M. Michèle Amari nous donnait l’histoiredes Musulmans de Sicile, travail complet on le sujet a été entièrement épuisé. En?n l’Allemagne, l’Angleterre, l’Espagne fournissaient aussi leur contingent. Pendant ce temps, l’Algérie ne restait pas inactive. Un nombre considérable de travaux originaux était produit par un groupe d’érudits qui ont formé ici une véritable école histori-

PRÉFACE

III

que. Je citerai parmi eux : MM.Berbrugger, F. Lacroix enlevé par la mort avant d’avoir achevé son œuvre. Poulle, le savant président de la Société archéologique de Constantine, Reboud, Cherbonneau, général Creuly, Mac-Carthy, l’abbé Godard, l’abbé Barges, Brosselard. A. Rousseau, Féraud, de Voulx, Gorguos Vayssettes , Tauxier, Aucapitaine, Guin, Robin, Moll, Fagot, Elle de la Primaudaie, de Grammont, président actuel de la Société…