Algerie
mitterrandienne durant laquelle le gouvernement prit la terrible responsabilité de relancer les exécutions capitales en Algérie. François Mitterrand et la guerre d’Algérie, de François Malye ?etBenjamin Stora. Éditions Calmann-Lévy, 2010, ?304 pages, 18?euros.
On croyait tout savoir sur l’attitude de François Mitterrand lors de la guerre d’Algérie. Et le fait est que l’on savait déjàbeaucoup. Le principal mérite de l’ouvrage du journaliste François Malye et de l’historien bien connu Benjamin Stora est d’ailleurs plus dans sa vocation synthétique et diverses confirmations que dans desrévélations fracassantes.
Lorsqu’éclate ce conflit, François Mitterrand est ministre de l’Intérieur et, de ce fait, en charge de la sécurité des «?trois départements?» d’Algérie. C’est à ce titrequ’il prononce, en même temps d’ailleurs que bien d’autres, la phrase définitive?: «?L’Algérie, c’est la France.?» Les auteurs soulignent que cette formule n’est en aucun cas une concession à un consensusmou, mais qu’elle reflète alors la pensée profonde du ministre. Mitterrand n’entreprend pas, c’est le moins que l’on puisse écrire, la répression à contrecœur, même s’il insiste par ailleurs sur lesréformes sociales nécessaires (une autre façon, d’ailleurs, de masquer le caractère national de l’insurrection qui commence).
Mais c’est sur le «?second?» Mitterrand que le livre apportera le plusd’informations, en tout cas au lecteur profane. Début 1956, Guy Mollet, qui dirige le nouveau gouvernement de Front républicain, confie à Mitterrand la direction de la justice. La simple association destermes «?justice?» et «?Algérie?», alors, donne le frisson. C’est ce gouvernement qui va assumer la terrible responsabilité de reprendre les exécutions capitales, toutes par la guillotine, en Algériemême, puis en métropole. La Constitution voulait que les exécutions capitales fussent soumises à l’approbation du Conseil supérieur de la magistrature, présidé par le pâle et suiviste René…