Acte 3 scène 2 dom juan

novembre 21, 2018 Non Par admin

Lecture analytique III, 2
La scène du pauvre

I Les personnages
1) Ce qu’ils représentent.
• Dom Juan, personnage aristocrate, possède le pouvoir et l’argent. Il s’exprime avec arrogance et sarcasme. Il est athée, nous le savons depuis la scène précédente, et après avoir été un athée en paroles (« Je crois que deux et deux sont quatre… ») nous voyons ici en Dom Juan un athée en actes. Ilfait du chantage au pauvre, en essayant de le tenter, pour prouver à Sganarelle, au pauvre (et à lui-même ?) que la foi n’est qu’hypocrisie et qu’elle ne tient pas devant les nécessités de la vie.
• Le pauvre représente la foi et le fidélité en Dieu : il résiste à la tentation, n’accepte pas le louis d’or car il ne veut pas jurer. Il représente la fois des gens simples, et peut-être vuégalement comme un être conditionné par la religion, prêt au sacrifice et voué à la misère par le discours des religieux qui lui font croire à une rétribution de ses prières « Et quelle est ton occupation parmi ces arbres ?/ De prier le Ciel tout le jour pour la prospérité des gens de bien qui me donnent quelque chose »)
• Sganarelle, lui, joue le rôle du bouffon. Il peut-être vue comme unhypocrite, car il défend la religion pas accorde plus d’importance à l’argent : « va, va jure un peu, il n’y a pas de mal ».

2) Les contrastes
• La scène précédente était à tonalité bouffonne, avec le grand discours de Sganarelle, accompagné de jeux de scène comiques et d’une chute finale. Cette scène prend une tonalité pathétique avec l’entrée en scène de ce personnage nécessiteux « Je suis dansla plus grande nécessité du monde »
• Dom Juan représente le tentateur « Tiens, il faut jurer ». Le pauvre représente la fidélité à l’idéal, il résiste au blasphème, malgré la tentation : « Non, Monsieur, j’aime mieux mourir de faim. » c’est une lutte entre la religion et l’athéisme.
• Sganarelle représente le croyant tiède, compromis, tandis que le pauvre est un « pur ». Le valetapporte une note comique dans cette scène à dominante pathétique.

3) Le changement d’attitude de Sganarelle
Sganarelle, dans la scène précédente, a essayé de convaincre Dom Juan que Dieu existait et qu’il fallait faire le bien. Il prononce une longue tirade en essayant de raisonner, mais il échoue. Nous voyons dans cette scène un changement d’attitude, puisqu’il fait passer l’argent avant la foiqu’il défendait. Après s’être opposé à son maître quand il était seul avec lui (à la scène précédente), Sganarelle, redevient son adjuvant, en présence d’un personnage extérieur. Ce sera le cas durant toute la pièce.

II Le chantage
Après avoir refusé de récompenser la bonne action du pauvre qui lui a indiqué le chemin, Dom Juan inverse la transaction en proposant de rétribuer une mauvaiseaction (« je m’en vais te donner un louis d’or pourvu que tu veuilles jurer »
S’instaure ensuite un jeu cruel de chantage qui s’aperçoit dans le rythme binaire des phrases. « Tu n’as qu’à voir si tu veux gagner un lois d’or / ou non : en voici un que je te donne, / si tu jures. Tiens / : il faut jurer. » Et qui semble indiquer un jeu de scène (comique ? pathétique) montrant le pauvre soumis à latentation

1) L’intention de Dom Juan
Plusieurs interprétations sont possibles :
• Dom Juan veut une fois de plus jouer à transgresser les règles sociales et religieuses aux dépends d’un pauvre homme.
• Ou bien, il veut corrompre le pauvre à tout prix, ne supportant pas qu’un homme ait une foi sincère.
• Son geste peut être compris comme une épreuve, pour testerle pauvre et prouver à Sganarelle (et à lui-même, par autosatisfaction) qu’il n’existe pas de foi pure. Il dénoncerait ainsi la part d’hypocrisie en chaque croyant.
• Il peut s’agir également d’un désir de libérer le pauvre de sa « superstition » en lui faisant prendre conscience de l’absurdité de son occupation « Voilà qui est étrange et tu es bien mal reconnu de tes soins… »…