Un portrait de j.-k. huysmans par léon daudet vers 1890
Un portrait de J.-K. Huysmans par Léon Daudet vers 1890
« J.-K. Huysmans, familier de Goncourt, était silencieux et grave comme un oiseau de nuit. Mince et légèrement voûté, il avait le nez courbé,les yeux enfoncés, le cheveu rare, la bouche longue et sinueuse, cachée sous la moustache floche, la peau grise et des mains fines de bijoutier ciseleur. Sa conversation, ordinairement crépusculaire,était toute en exclamations écoeurées, dégoûtées sur les choses et les gens de son époque, qu’il exécrait également, qu’il maudissait, depuis la décadence de la cuisine et l’invention des sauces toutespréparées, jusqu’à la forme des chapeaux. À la lettre, il vomissait son siècle et le parcourait frileusement, comme un écorché vif, souffrant des contacts, des atmosphères, de la sottise ambiant, dela banalité et de l’originalité feinte, de l’anticléricalisme et du bigotisme, de l’architecture des ingénieurs et de la sculpture « bien-pensante » de la tour Eiffel et de l’imagerie religieuse duquartier Saint-Sulpice.
[…] Il fallait voir Huysmans, acculé par un raseur dans un coin du « grenier » Goncourt, allumant une cigarette, comme pour chasser un insecte, cherchant à s’évader parpetits pas feutrés, et coulant vers son interlocuteur un regard de martyr qui eût voulu se faire bourreau. Un jour que j’étais arrivé à le dégager : « Merci, me dit-il, pour mes rotules ; je pensais nejamais pouvoir les décoller de cet ignoble individu. » Il ne ménageait pas les termes, je vous assure, et ses coups de griffe laissaient, en général, cinq raies sanglantes sur le museau de sonfâcheux. »
Selon l’état-civil, Georges-Charles Marie Huyssmans, naît à Paris en 1848, de famille flamande et non d’origine hollandaise, comme il est dit ici ou là, en raison des prénoms qu’il adopte Joris-Karl,dès qu’il commence à écrire. Qui est-il ?
Dans le cercle de Zola, adepte de son école naturaliste, il participe aux soirées de Médan.
A partir de 1884, avec « A Rebours », (Actes Sud, l’Abor,…