La vie urbaine

septembre 30, 2018 Non Par admin

une évolution inédite dans l’histoire de l’humanité. Au cours de la prochaine décennie, plus de la moitié de la population mondiale, soit environ 3,3 milliards de personnes, vivra dans des zones urbaines — mouvement qui aura de vastes répercussions à la fois sur le bien-être des populations et sur l’environnement (1). Pas plus tard qu’en 1975, à peine plus du tiers de la population mondialevivait dans des zones urbaines. D’ici à 2025, cette proportion aura grimpé à près des deux tiers (2).
C’est dans les pays en développement que le phénomène est plus prononcé, avec des populations urbaines qui s’accroissent de 3,5 pour cent par an, contre moins de 1 pour cent dans les régions plus avancées (3). Les villes, elles, atteignent des dimensions démographiques inouïes — Tokyo, 27 millionsd’habitants; São Paulo (Brésil), 16,4 millions; Bombay (Inde), 15 millions. Et cela exerce d’énormes pressions sur les ressources institutionnelles et naturelles qui les supportent (4).
Les villes ont historiquement été le moteur du développement économique et social. En tant que centres de l’industrie et du commerce, elles sont aussi depuis longtemps les centres de la richesse et du pouvoirpolitique. Elles comptent également pour une part disproportionnée du revenu national. La Banque mondiale estime que dans le monde en développement, jusqu’à 80 pour cent de la croissance économique future aura lieu dans les villes et les agglomérations urbaines (5). Il ne faut pas croire que les avantages de l’urbanisation sont strictement économiques. Outre des revenus plus intéressants,l’urbanisation offre de meilleurs services de santé, plus d’alphabétisation, et une qualité de vie meilleure. Certains autres avantages de la vie urbaine sont moins tangibles mais tout aussi réels : accès à l’information, diversité, créativité et innovation.
Mais parallèlement aux avantages de l’urbanisation viennent aussi des nuisances environnementales et de grands maux sociaux, dont certains prennent desproportions effarantes. Ces problèmes sont très divers — manque d’accès à de l’eau salubre, pollution atmosphérique, émissions de gaz à effet de serre, etc. Les problématiques de l’environnement urbain sont certes difficiles à catégoriser, mais on peut néanmoins les regrouper sous deux grandes rubriques : celles qui sont issues de la pauvreté; et celles qui sont associées à la croissance économiqueou à la prospérité. Les deux types coexistent souvent dans une même ville.
En termes de souffrance humaine, certains des problèmes les plus aigus se manifestent dans les villes les plus pauvres des pays en développement. Et c’est précisément lorsque la croissance démographique est particulièrement rapide que les autorités locales ne sont pas en mesure de répondre aux besoins les plusélémentaires des citoyens. Partout dans ces pays, les citadins pauvres connaissent des conditions qui menacent leur survie. Quelque 220 millions de citadins, au moins, n’ont pas accès à de l’eau salubre; plus de 420 millions n’ont pas accès à des sanitaires, même rudimentaires (6). Entre un tiers et deux tiers des déchets solides ne sont pas ramassés (7). Ils s’empilent dans les rues et les canalisations,contribuant aux inondations et à la propagation de maladies. Les problèmes de la misère urbaine entrainent une importante mortalité et morbidité qu’il serait pourtant possible de prévenir dans une large mesure.
Les problèmes d’environnement sont également aigus dans les villes à rapide croissance économique dans les pays en développement. Certes, la croissance attire vers ces villes des revenusdont elles ont besoin, mais faute de mettre en place les balises nécessaires, elle se produit trop souvent aux dépens de la qualité du milieu ambiant. Plus de 1,1 milliard de personnes vivent dans des zones urbaines où les niveaux de pollution de l’air dépassent les limites tolérées par la santé humaine (8). Dans de nombreuses villes du monde entier, des effluents domestiques et industriels…