Tp physique
Mendeleïev : Principes de chimie
Édition 1871, traduction française 1897 Paris
(Bernard Tignol éditeur)
Plusieurs groupes d’éléments semblables sont connus depuis longtemps. L’oxygène, l’azote, le carbone etc. possèdent des propriétés analogues qui seront étudiées plus bas. Leur étude nous conduit nécessairement à la question suivante : quelle est la cause de l’analogie et quel est lerapport des groupes d’éléments entre eux ?
Sans avoir de réponses à ces questions, il n’est guère possible de grouper les éléments analogues sans tomber dans des erreurs grossières, attendu que les notions du degré de l’analogie ne sautent pas toujours aux yeux et ne sont pas d’une précision rigoureuse. Ainsi, par exemple, le lithium ressemble sous certains rapports au potassium ; par d’autrespoints, il se rapproche du magnésium ; le glucinium ressemble à l’aluminium et au magnésium. Le thallium, comme nous le verrons plus tard, et comme on l’a observé dès sa découverte, ressemble au plomb et au mercure mais possède en même temps une partie des propriétés du lithium et du potassium. Il est certain que, là où nous ne pouvons pas mesurer, il faut bon gré mal gré se borner à faire unrapprochement ou une comparaison basée sur les propriétés les plus évidentes qui sont parfois loin de présenter une précision absolue.
Les éléments ont cependant une propriété exactement mesurable, c’est leur poids atomique. Le poids de l’atome exprime la masse relative de l’atome ou, en d’autres termes, abstraction faite de la notion d’atome, cette grandeur montre le rapport qui existe entre lesmasses constituantes des unités chimiques indépendantes, c’est-à-dire des éléments. Or, il résulte de toutes les notions précises que l’on possède sur les phénomènes de la nature que toutes les propriétés d’une substance dépendent justement de sa masse, parce que toutes, elles sont fonction des mêmes conditions ou des mêmes forces qui déterminent le poids du corps ; or ce dernier est directementproportionnel à la masse de la substance. Il est donc tout naturel de chercher une relation entre les propriétés analogues des éléments d’une part et leur poids atomique d’autre part.
Telle est l’idée fondamentale qui oblige à disposer tous les éléments d’après la grandeur de leur poids atomique. Cela fait, on remarque immédiatement la répétition des propriétés dans les périodes des éléments.Nous en connaissons déjà des exemples :
Fl = 19 ; Cl = 35,5 ; Br = 80 ; I = 127 ;
Na = 23 ; K = 39 ; Rb = 85 ; Cs = 133 ;
Mg = 24 ; Ca = 40 ; Sr = 87 ; Ba = 137.
Les trois exemples ci-dessus permettent de saisir l’essentiel de la question. Les halogènes ont des poids atomiques plus petits que les métaux alcalins et ceux de ces derniers sont également inférieurs à ceux des métaux terreux.C’est pourquoi, en disposant les éléments d’après la grandeur croissante de leur poids atomique, on obtient une répétition périodique des propriétés. C’est ce qu’on nomme la loi périodique : les propriétés des corps simples, comme les formes et les propriétés des combinaisons, sont en fonction périodique de la grandeur du poids atomique.
La loi périodique et le système périodique tels qu’ilssont exposés ici ont été publiés dans la première édition de cet ouvrage commencé en 1868 et terminé en 1871. Au commencement de 1869 j’ai adressé à beaucoup de chimistes mon «Essai d’un système de classification des éléments basé sur leur poids atomique et leur ressemblance chimique» et, dans la séance du mois de mars 1869 de la société chimique Russe, j’ai parlé «Du rapport entre les propriétéset le poids atomique des éléments». Voici les conclusions de cet article :
«1 – Les éléments disposés d’après la grandeur de leur poids atomique présentent une périodicité des propriétés.
2 – Les éléments qui se ressemblent par leurs fonctions chimiques présentent des poids atomiques voisins (Pt, Ir, Os) ou bien croissant uniformément (K, Rb, Cs).
3 – La disposition des éléments ou de…