Flaubert 3 contes
TROIS CONTES Gustave Flaubert Livre du professeur Jean-Claude Jørgensen agrégé de lettres modernes
L’étude de Trois Contes trouve sa place dans une séquence centrée sur l’étude du récit en classe de seconde. À lui seul, le conte Hérodias permet d’aborder l’objet d’étude « Les réécritures » en première L. Les suggestions ci-dessous proposent des pistes, que les enseignants suivront en lesadaptant aux acquis des élèves.
PRÉREQUIS ET PRÉLIMINAIRES
POUR L’ETUDE D’UN CŒUR SIMPLE On procède à quelques rappels sur le couple maître-valet et le personnage de la servante. Pour apprécier quelle inflexion Flaubert fait subir au personnage de la servante tel que les siècles classiques l’ont consacré, on évoquera Le Malade imaginaire (Toinette dans III, 10), Marivaux (Lisette dans Le Jeu del’amour et du hasard, Cléanthis dans L’Île des esclaves) ou Beaumarchais (Suzanne dans Le Mariage de Figaro). De telles scènes fournissent des repères pour éclairer l’évolution sociale. Toinette, Lisette, Cléanthis et Suzanne dessillent les yeux de leur maître ou maîtresse ; Félicité, dont le courage force l’admiration, ne reçoit aucune reconnaissance de Mme Aubain. Pleines de bon sens, les soubrettes etservantes des XVIIe et XVIIIe siècles préparent l’avènement d’une femme moderne, avide de conquérir ses droits. Mais comment revendiquer ceux-ci lorsque, comme Félicité, on ne sait pas lire ? Au XIXe siècle en effet, il ne s’agit plus de dénoncer les privilèges que procure une ascendance aristocratique, mais de rendre compte de la société réelle, avec ses exclus et ses profiteurs. Dans uncontexte bourgeois, le choix de faire d’une servante l’héroïne d’un récit n’est pas innocent. Non seulement les habitants de Pont-l’Évêque sont insensibles au sort de Félicité, mais ils brillent par leur médiocrité. Pour situer le personnage principal d’Un cœur simple dans l’histoire des représentations romanesques de la servante, on évoquera trois passages. – Le portrait de Nanon dans Eugénie Grandet(1833) de Balzac, « Physionomies bourgeoises », depuis « La grande Nanon était peut-être la seule créature » jusqu’à « Et sa reconnaissance était toujours jeune ». L’abnégation de Nanon n’a guère à envier à celle de Félicité : « pauvresse recueillie par charité », elle « faisait tout », « se levait au jour, se couchait tard. » Une phrase comme « Toute la ville l’enviait à monsieur et madame Grandet» fait penser à « Pendant un demi-siècle, les bourgeoises de Pontl’Évêque envièrent à Mme Aubain sa servante Félicité ». On lit aussi dans ce passage d’Eugénie Grandet que Nanon a le « cœur simple ». – Un passage de Madame Bovary (1857), II, 8 : Catherine Leroux reçoit sa médaille d’argent pour cinquante-quatre ans de service dans la même ferme, de « CatherineNicaise-Élisabeth Leroux » à « pourqu’il me dise des messes ». Le dossier de l’élève, page 146, attire l’attention sur le lien entre les deux personnages de servantes.
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– Le chapitre XXXI de Germinie Lacerteux (1865) des Goncourt : comme Félicité, Germinie, servante de mademoiselle de Varandeuil, aime un jeune homme qui a tiré un mauvais numéro lors de la conscription et qui va l’abandonner. POUR L’ETUDE DE LA LEGENDE DE SAINTJULIEN L’HOSPITALIER On peut conseiller quelques lectures préparatoires, et notamment : – « Saint-Julien » dans La Légende dorée (vers 1250) de Jacques de Voragine (texte 2, pp. 150-151) ; – Les Mille et Une Nuits (Xe au XIIIe siècle), traduction Antoine Galland, incipit de l’« Histoire du vizir puni » (texte 3, pp. 152-153) ; – Candide (1759) de Voltaire, incipit (texte 4, p.153).
FINALITÉS DELA SÉQUENCE PROPOSÉE
L’étude analytique d’Un cœur simple présente deux intérêts majeurs en classe de seconde : elle contribue d’abord à construire la définition du genre de la nouvelle. Cette dernière fait partie des différents genres narratifs courts déjà abordés au collège, mais son étude doit être approfondie en seconde. Ensuite, elle contribue à définir l’esthétique réaliste. L’étude…