Question de corpus sur des portraits de femmes dans la litterature
Question de corpus rédigée :
Question : que reflètent ces cinq textes de l’évolution du personnage romanesque ?
Corpus de textes :
Extrait de la Princesse de Clèves : la scène de la rencontre
Extrait des Liaisons dangereuses (Lettre 81)
Extrait de Le Rouge et le Noir : la scène de la rencontre
Extrait du Père Goriot : portrait de Mme Vauquer
Extrait du Planetarium : incipitIntroduction :
Les extraits de La Princesse de Clèves, roman classique du 17ème siècle, des Liaisons dangereuses, roman épistolaire du 18ème siècle, de Le Rouge et le Noir ainsi que du Père Goriot, romans du 19ème siècle et enfin du Planetarium, roman du 20ème siècle ont un point commun : la présentation d’un personnage féminin. Dans la mesure où chacun de ces extraits appartient à une époque différente,leur étude va nous permettre de révéler une évolution significative du personnage romanesque.
Développement de la réponse :
Tout d’abord, l’évolution de la représentation du personnage romanesque provient du caractère sociologique de ces portraits, de ce qu’ils traduisent de l’air du temps. Dans l’extrait de la Princesse de Clèves, roman classique, nous retrouvons les valeurs propres àl’esthétique de ce siècle. Il s’agit d’un portrait glorieux :« l’on admira sa beauté et sa parure… », (l.6-7). Le personnage se caractérise par sa pudeur et sa bienséance. On le voit à travers l’emploi de la litote :« je n’ai pas d’incertitude (l.27). Il appartient à la noblesse et ce rang social entre en harmonie avec la noblesse de cœur et la beauté. Le lecteur est également plongé dans lesusages en vigueur à la cour d’Henri II à travers les allusions historiques : « …au bal et au festin royal qui se faisaient au Louvres. » (l.6). On retrouve dans l’extrait des Liaisons dangereuses l’univers de la noblesse à travers le titre du personnage principal :« la Marquise de Merteuil ». Mais il s’agit ici d’un autre siècle et donc d’autres mœurs puisque la Marquise développe une moralepervertie, presque l’exacte opposée de celle de la Princesse de Clèves, à savoir l’art de la dissimulation au service du libertinage :«Je n’avais pas quinze ans, je possédais déjà les talents auxquels la plus grande partie de nos politiques doivent leur réputation »(l.29). Ce texte aborde également, et c’est nouveau, la question de l’éducation et de la place des femmes dans la société du 18ème siècle. Letexte de Stendhal marque une nette évolution dans la mesure où il met en scène une femme de la noblesse qui va s’éprendre d’un homme modeste. Entre les deux textes, la Révolution française a eu lieu et ce texte évoque par diverses allusions le désir d’ascension sociale de Julien Sorel : « S’entendre appeler de nouveau Monsieur, bien sérieusement par un dame si bien vêtue, était au-dessus detoutes les prévisions de Julien… » (l.31). L’intérêt nouveau porté aux personnages de condition modeste dans les romans, se trouve renforcé dans l’extrait du Père Goriot à travers le portrait péjoratif de Mme Vauquer : «…qui dépasse de sa première jupe faite avec une vieille robe, et dont la ouate s’échappe par les fentes de l’étoffe lézardée… » (l.18-20). Les personnages de Balzac sont lesreprésentants d’une partie de la société du 19ème siècle. Enfin, le dernier texte met en scène des personnages ordinaires mais la question sociale ici se trouve éludée et semble avoir laissé place au pur jeu des sentiments : cet effacement apparent de la question sociale renvoie sans doute aux interrogations de l’époque sur la place de l’homme dans la société, dans le monde.
D’autre part, onconstate une lente déconstruction voire une destruction de la figure du héros romanesque. Ainsi, le coup de foudre de la Princesse de Clèves et du Duc de Nemours est-il brillamment orchestré par Mme de La Fayette. Elle ne ménage aucun procédé pour donner à ses personnages les traits de la splendeur. On remarque en effet, une insistance sur l’admiration réciproque que se portent les deux…