Le poète doit-il idéaliser le réel ?
DISSERTATION DE FRANCAIS
Sujet: Exercice 7 page 539 du manuel.
Le poète doit-il idéaliser le réel ? Vous utiliserez essentiellement le corpus sur le thème de la ville.
La poésie est un genre de la littérature, une forme d’art, qui est née en France au XVIème siècle grâce au groupe de la Pléiade qui en a mis au point les règles. Du Bellay qui était alors à la tête du groupe a écrit lemanifeste du mouvement : Défense et illustration de la langue française. Depuis lors, une grande question se pose, celle de savoir si le poète doit idéaliser le réel. Dans un premier temps l’étude de son rôle dans l’embellissement de la réalité permettra d’approuver cette affirmation, mais la vision du poète en tant que témoin fidèle de la réalité peut apporter un autre élément de réponse.Un poème naît en premier lieu de l’imagination du poète, de ses désirs, qui le conduisent à fuir la réalité; à s’en échapper. En effet, il est souvent considéré comme un rêveur qui nous entraîne dans son monde, un monde où la réalité est embellie, un monde où l’on voit à travers les yeux du poète. Franz Kafka dit d’ailleurs: « Les poètes tentent de greffer aux hommes d’autres yeux et detransformer ainsi le réel. ». Il peut parfois créer, grâce à la magie de l’écriture poétique, un univers dans lequel il peut s’évader, assouvir un rêve, un fantasme… Dans son poème «Zone» extrait d’Alcool, Guillaume Apollinaire décrit la ville de Paris qu’il a pu observer au cours d’une journée de déambulation dans la capitale. Il évoque cette dernière méliorativement et apprécie grandement son aspectmoderne de ville industrielle. La poésie y est, selon lui, partout et la réalité est idéalisée, le moindre élément y est beau, apprécié, y est source d’inspiration… Joachim Du Bellay dans son «Sonnet 138» extrait de Les Regrets évoque également la ville de Paris de manière très élogieuse alors qu’il se trouve en Italie loin de la France. La poésie lui permet d’exprimer sa nostalgie mais aussison désir de retrouver sa terre natale: il s’évade un instant d’Italie, pour rêver de Paris qui apparaît alors comme une ville très riche culturellement, influente, et où même les inconvénients, la foule, la saleté, plaisent au poète. C’est une vision idéalisée qui permet la rêverie. Il perçoit la ville ainsi car il se languit d’elle. De même, dans «Ville» extrait d’Illuminations, Arthur Rimbaudmêle le rêve à la réalité en s’inspirant du réel imaginaire de Baudelaire. Il évoque avec un certain réalisme la métropole Londonienne, son aspect moderne et fonctionnel et son manque de grâce, avec lesquels il fusionne; mais il transfigure aussi le réel et en particuliers tout ce qui touche à la foule, en un univers fantastique quelque peu angoissant, comme s’il vivait un rêve éveillé… Si le poètetransforme le réel, c’est qu’il n’y est pas totalement intégré, il veut le fuir… La poésie peut donc également permettre au poète de fuir la réalité d’un monde qui ne lui convient pas, qui le fait souffrir, comme le fait Arthur Rimbaud dans son célèbre poème «Le dormeur du val». L’évocation de la nature chatoyante permet de minimiser l’horreur de la guerre et de la mort tout en la faisantressortir par contraste avec la beauté et l’innocence de la nature. La mort y semble cependant calme et reposante… Elle est comme idéalisée pour paraître moins abominable.
Le refus de la réalité a également était le propre de la poésie lyrique. Dans cette dernière, qui représente souvent des sentiments idéalisés, le poète cherche à atteindre l’idéal, (comme le prouve par exemple le titre utilisé parBaudelaire pour une section des Fleurs du Mal :
« Spleen et idéal »). Les poètes lyriques ne manquent donc pas de déformer la réalité en l’enjolivant. Ils s’inspirent souvent de la nature, de femmes ou parfois de thèmes plus originaux comme Maurice Scève dans l’un de ses cinq blasons «Le front». En effet il décrit cette partie du corps humain de manière élogieuse et presque adoratrice. Il…