Dissertation sur le drame d’auschwitz « d’après theodore adorno c’est un acte de barbarie que d’écrire un poème. »
Le drame d’Auschwitz a constitué un tournant dans l’Histoire, de là à mobiliser la grande majorité des écrivains qui furent dans la plupart des cas, des victimes qui survécurent à cet évènement atroce que fut le génocide de la race juive. Ce fut, de ce fait, le cas de Rose Auslander, qui témoigne de l’atrocité de ce drame à travers l’écrit de nombreux poèmes, qu’elle aura elle-même façonnée selonson ressenti face à ce qu’elle a enduré. Cependant des écrivains comme Théodore Adorno, qui ont échappé à cette catastrophe, vont se montrer réticent à cette technique littéraire employée par Auslander, dans le sens où « après Auschwitz, c’est un acte de barbarie que d’écrire un poème » dit-il. Que faire alors, après une telle barbarie ? En parler à travers la poésie, ne serait-ce pas un moyend’atténuer la douleur résultant de ce drame ? Mais ne serait-ce pas aussi une esthétisation de l’horreur que d’en parler par le biais de la poésie ? Pour combler ces questions il serait plus judicieux d’envisager, dans un premier temps, la poésie comme une arme contre ce génocide ; cependant de cette technique littéraire, il en résulte une esthétisation de l’horreur, ce qui rejoint parfaitement lepoint de vue d’Adorno ; Cela dit l’acte d’écrire un poème a en soi un dépassement de la douleur causée par l’horreur et mène à une réflexion sur cela.
La poésie est un art qui pourrait apparaître comme une arme dans le cas d’un fait historique douloureux, ici il s’agit du génocide juif. Rose Aunslender a sans cesse tenter d’assumer son passé douloureux à travers l’écriture, se tournant plusparticulièrement vers la poésie. Sa démarche va à l’encontre de l’affirmation d’Adorno qui insiste sur le fait qu’écrire un poème après Auschwitz reviendrait à commettre un acte barbare envers l’humanité. Or cette démarche entreprise par Aunslender est justement un moyen pour elle, aussi bien en tant que victime qu’écrivain, d’extérioriser sa souffrance face au calvaire subi à cette époque là. Elleécrit à ce propos « Nous juifs demandeurs d’espoir, en attendant la mort, notre Patrie habitait dans les mots de rêves, écrire était notre survie », et elle ajoutait à cela « Quand l’espoir passe par les mots, l’inhumanité recule. » : on perçoit bien à travers ces deux citations d’Aunslender que l’écriture était un remède pour soulager ses peines, ses douleurs et notamment la perte de sa Patrie quifut l’une de ses principales préoccupations. Cette volonté d’écrire pour atténuer la douleur provoquée par ce drame, apparaît d’autre part comme un acte de dénonciation de l’horreur des camps de concentrations et du traitement infligé par les collaborateurs du Reich : « ils vinrent / firent griller nos vêtements et notre peau/ Ils vinrent/ pour brûler notre sang/ nous étions les bûchers de notretemps. ». Ici l’anaphore « ils vinrent » et l’emploi des termes « griller » et « brûler » permettent d’insister sur les barbares qui ont agit inhumainement et sans pitié, prétendant ainsi obéir aux instructions du chef suprême de la race aryenne, et elle traduit également un sentiment de frayeur des victimes, à la vue de ces hommes. Pour ces poètes, il s’agit d’en parler et de ne pas se taire surdes faits qui nécessitent le regard et le point de vue de chacun. C’est en cela qu’Aunslender a su trouver une survie dans l’écriture faisant ainsi face au silence, une survie qui repose en ces termes : « Je crois au miracle du mot qui travaille le monde au corps et va créer d’autres mondes ». De plus, elle estime que c’est dans les mots que peut se passer la résurrection de tout un peuple :« Affamé de patrie/ nous enterrons notre mort quotidienne/ dans les mots/ qui seront notre résurrection. » Ainsi elle pourra rendre visible la tragédie et transmuer l’horreur en renaissance de mots. Le fait de dévoiler tout cela par l’écriture et donc de dépasser le stade du silence rejoint plus ou moins la théorie des psychologues, basée sur l’extériorisation des souffrances, clé de la guérison….