Nieteschze, explication de texte philo

décembre 20, 2018 Non Par admin

La conscience n’est proprement qu’un réseau de relations d’homme à homme, – et c’est seulement en tant que telle qu’elle a dû se développer: l’homme érémitique et prédateur n’aurait pas eu besoin d’elle. Le fait que nos actions, nos pensées, nos sentiments, nos besoins, nos mouvements pénètrent dans notre conscience – au moins en partie -, c’est la conséquence d’un « il faut » ayant exercé surl’homme une autorité terrible et prolongée. Il avait besoin, étant l’animal le plus exposé au danger, d’aide, de protection, il avait besoin de son semblable, il fallait qu’il sache exprimer sa détresse, se faire comprendre – et pour tout cela il avait d’abord besoin de «conscience», même, donc, pour «savoir» ce qu’il éprouve, pour «savoir» ce qu’il pense. Car pour le dire encore une fois : l’homme,comme toute créature vivante, pense continuellement, mais ne le sait pas; la pensée qui devient consciente n’en est que la plus infime partie, disons: la partie la plus superficielle, la plus mauvaise. Car seule cette pensée consciente advient sous forme de mots, c’est-à-dire de signes de communication, ce qui révèle la provenance de la conscience elle-même. Pour le dire d’un mot, le développementde la langue et le développement de la conscience (non pas de la raison, mais de la prise de conscience de la raison) vont main dans la main. Qu’on ajoute qu’il n’y a pas que le langage qui sert à jeter un pont d’homme à homme, mais aussi le regard, la pression, le geste. La prise de conscience en nous-mêmes de nos impressions sensibles, la force de pouvoir les fixer et en quelque sorte de lesposer hors de nous s’est accrue à raison de l’augmentation du besoin de les transmettre à d’autres sous forme de signes. L’homme qui invente des signes est du même coup l’homme dont la conscience de soi devient la plus pénétrante; c’est seulement en tant qu’animal social que l’homme a pris conscience de lui-même, – il le fait encore, il le fait davantage. – Ma pensée est, comme on le voit: que laconscience n’appartient pas proprement à l’existence individuelle de l’homme, bien plutôt à ce qui est en lui de nature communautaire et grégaire, qu’elle ne s’est également développée avec finesse, ce qui en est la conséquence, qu’en rapport à l’utilité communautaire et grégaire.

Nietzsche Le gai savoir

Nietzche expose dans cet extrait de son œuvre Le gai savoir, la fonction de laconscience. Il conçoit la conscience comme un épiphénomène, c’est-à-dire que la conscience est un phénomène secondaire, lié à un autre dont il découle. Est-ce en tant que fonction de communication des pensées que la conscience est propriété de l’homme social ? D’après Nietzche, « la conscience n’appartient pas proprement à l’existence individuelle de l’homme, bien plutôt à ce qui est en lui de naturecommunautaire et grégaire, qu’elle ne s’est également développée avec finesse, ce qui en est la conséquence, qu’en rapport à l’utilité communautaire et grégaire ». Mais la conscience n’est-elle pas propre à chacun ? En cela, n’exprime-t-elle pas les pensées les plus intimes de chacun et ce qu’il y a d’unique ? A travers cela, ne permet-elle pas la connaissance de soi ? Tout d’abord, je parlerais del’origine de la conscience. Ensuite, j’expliquerais en quoi le besoin de communiquer les pensées produit le besoin de conscience. Enfin, je traiterais le progrès de la conscience et de la conscience de soi.

L’origine de la conscience n’est pas facile à déterminer. Elle est propriété de l’homme et en cela, elle est née avec lui. Tout d’abord, Nietzche s’apprête à donner une définition de laconscience en débutant sa phrase par « La conscience n’est proprement qu’ « . Une définition qui semble, d’après lui, la plus proche de la réalité d’où le terme « proprement ». La négation « ne … que » donne à ce terme « conscience » moins d’importance, c’est une restriction de la part de Nietzche. Et pourtant, il aurait pu écrire « la conscience, c’est tout simplement et précisément … » Mais il n’a pas…