Montaigne essai 3 du livre 1 (explication de texte)

décembre 2, 2018 Non Par admin

MONTAGNE
Juliette Le 27 septembre 2010

Explication de texte (devoir n°2) : Montaigne, essai III, p. 131-143

(folio classique, n° 4893)

Introduction

? Le chapitre III du livre I des Essais, intitulé « Nos affections s’emportent au-delà de nous » fait suite à « De la tristesse » montrant l’incapacité de l’esprit humain à résister à la force de ses émotions etprécède le chapitre intitulé : « Comme l’âme décharge ses passions sur des objets faux, quand les vrais lui défaillent » qui met également au jour la faiblesse de la conscience. Même si Montaigne compose les Essais sans organiser, selon un plan précis, l’ordre des chapitres, force est de constater qu’une certaine continuité et ressemblance thématique s’opèrent dans ce triptyque – comme dans d’autresessais – ayant pour objet la connaissance de l’âme humaine, et plus particulièrement du moi dans sa diversité « car c’est moi que je peins » nous dit Montaigne dans l’avertissement « Au lecteur ». Il ne se livre à « aucune fin », si ce n’est « domestique et privée », et d’ailleurs, ses « défauts s’y liront au vif ».
? Le titre du chapitre qui commence par le possessif « nos » doit s’entendre comme latentative de Montaigne d’appréhender son moi afin de mieux se connaître, il n’entend pas être dogmatique ou pédant, laissant au contraire le lecteur, ainsi que lui-même, libre de sa pensée et il ne la propose qu’afin de confronter divers points de vue rencontrés au gré de ses lectures. Et s’il arrive au lecteur de tirer quelque profit de son livre ce n’est que ponctuellement et par hasard commenous le répète humblement Montaigne à divers endroits. Le chapitre III du livre I reprend quelques-uns des thèmes chers à Montaigne : l’impossibilité de jouir du présent, la nécessité absolue de se connaître et la préoccupation permanente de la mort qu’il faut apprivoiser.

LECTURE DU PASSAGE

? L’extrait à étudier qui regorge de rythmes binaires, de parallélismes et d’antithèses traduisant lesnuances de la pensée de Montaigne et reproduisant la syntaxe latine, peut s’organiser en trois mouvements résumés par trois citations :

– (Premier mouvement) Lignes 1 à 16 : « Nous ne sommes jamais chez nous, nous sommes toujours au-delà » : qui met au jour une tension entre l’avenir et le présent, la vie et le néant pour l’homme et donc la difficulté éprouvée par la conscience pour se situerdans le temps.

– (Deuxième mouvement) Lignes 17 à 27 : « Fais ton fait et te connais » : qui invite l’homme à se connaître dans sa singularité pour lutter contre cette difficile appréhension du temps car l’esprit qui se projette sans cesse dans l’avenir s’oublie.

– (Troisième mouvement) Lignes 27 à 51 : « celle [la loi] qui oblige les actions des Princes à être examinées après leur mort » :qui montre la nécessité d’examiner sincèrement les actions et surtout la valeur des princes décédés. Montaigne s’intéresse au destin des grands hommes et à notre devoir d’honnêteté envers la communauté.

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? Premier mouvement (lignes 1-16) : l’âme humaine se projette sans cesse
? Montaigne connaît très bien le latin – l’ayant appris en langue maternelle, bien avant le français – etla rhétorique mais il préfère le « parler » – autrement dit le style – simple. Néanmoins si les mots choisis sont simples la structure n’en reste pas moins similaire au latin par l’abondance des subordonnées.
C’est pourquoi le chapitre commence par une longue période qui coure sur dix lignes, sans doute pour imiter le style oratoire de ceux dont il est immédiatement question. Cela lui permetd’opposer deux visions de l’âme humaine : celle qui condamne les hommes « d’aller toujours béant après les choses futures » et celle qui comprend et analyse les raisons de cette « commune erreur ».
Notons la formulation toute latine « les choses futures » pour désigner des événements futurs.
?Les rythmes binaires sont fréquents tout au long de notre extrait, ce qui permet d’opposer, ou de…