La crise urbaine: exemple de la ville de pikine

décembre 16, 2018 Non Par admin

Crise urbaine et contrôle social à Pikine
Bornes-fontaines et clientélisme

gie et les formes spatiales de la croissance de cette petite agglomération. Né de la volonté des autorités coloniales de contrôler la croissance urbaine du Cap-Vert, Pikine s’est développé à partir de 1952. Cette volonté politique n’était en fait que la poursuite de politiques urbaines autoritaires visant à faire deDakar une zone à même de jouer le rôle politique et économique défini par la France (2) : si les alibis de cet urbanisme ont changé (lutte contre les épidémies (3) ( ) lutte contre les 4, encombrements humains (9, aménagement urbain rationnel, etc.), chaque phase a concouru à accentuer la ségrégation spatiale. Le pari était particulièrement audacieux pour Pikine. La décision d’installer dans desdunes de sable inhospitalières des dizaines de milliers de personnes, à plusieurs kilomètres de la ville, sans qu’aucun emploi, école, structure sanitaire ou transport n’ait été planifié en conséquence, a laissé bon nombre de cadres coloniaux dubitatifs quant au possible succès d’une telle opération. L’étude rétrospective des cartes et des photographies aériennes permet de situer les phases de lacroissance urbaine.
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Vernière (1) a décrit dans son étude sur Pikine, ville située
à une douzaine de km de Dakar (carte no l), la chronolo-

) )

Un urbanisme non contrôlé?
Pikine s’est développé dans la zone de Dagoudane-Pikine, entre les villages lébou traditionnels de Cambérène, Yembeul, Thiaroye Guedj et, plus récemment, de Thiaroye-Gare. 21

PlKlNE : SITUATION DANS LAPRESQU’ILE DU CAP VERT

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1 km

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Route principale Zone urbanisée très dense Source : IGN 1/50 O00 Dakar nd 28 Xlll (Ouest) 1983 Infographie : L. ARREGHINI Autre zone urbanisée

Les premières installations ont commencé en 1952 selon une procédure identique à celle qui a donné lieu dès 1949 à la création des quartiers de Ben Tally dans ce qui allait devenir Grand Dakar (6). Lespremiers déguerpis se sont installés sur d’anciens terrains appartenant à l’armée dans le lieu-dit de Dagoudane, non loin des villages lébou (carte no 2-1).
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Un double processus d’urbanisation

La carte de l’expansion spatiale de la ville en 196011961 (carte no 2-2), fait apparaître un double phénomène : développement de la zone issue des déguerpissements et croissance en tache d’huiledes villages Iébou, notamment de Cambérene, Thiaroye-Gare et Yembeul. Ce phénomène est confirmé et amplifié par la suite. La carte d’expansion spatiale en 1966/1967 (carte no 2-3) montre une véritable partition de l’espace urbain opposant grossièrement la partie occidentale de la ville, correspondant aux quartiers réguliers dits de Pikine ancien et de Pikine loti récent, à la partie orientale,correspondant aux quartiers irréguliers apparemment nés de la croissance des villages lébou. La carte de 1986 (carte no 2-4) montre une accélération de ce double phénomène, marqué à la fin des années 70 par une croissance plus rapide des quartiers irréguliers que des quartiers réguliers. Les estimations de populations (7) que nous avons pu faire confirment l’importance de ce phénomène (carte no 3).Trente ans après sa création, la ville nouvelle de Pikine compte plus d’habitants dans sa partie irrégulière que da& sa partie régulière. Le résultat paradoxal de cette politique urbaine volontaire est illustré par la carte 4 montrant une véritable dualité paysagique entre Pikine régulier et Pikine irrégulier, à l’avantage de ce dernier.
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(1) M. Vernière, Dakar et son ,double. (5) R.Collignon, La lutte des pouvoirs Dagoudane Pikine. Volontarisme d’Etat et spotitanéiswie populaire dans l’urbanisation du, publics contre les “encombrements humains” à Dakar n, Canadiait Journal of African StuTiers Monde. Imp. nationale, 1977. (2) A. Seck, Dakar, Métropole Ouest- dies, 18, 3, 1984, pp. 573-582. (6) G. Salem, Gratzd Dakar, un quartier africaine, 1970. (3) E. Mbokolo, u Peste et…