L’art
Peut-t-on reprocher à l’art d’être inutile ?
Art vient du latin ars qui signifie technique. La technique est l’ensemble des procédés utilisés par l’homme pour parvenir à une fin. La question « peut-t-on reprocher à l’art d’être inutile ? » peut alors paraître paradoxale, puisque, d’après ces définitions, l’art aurait un but donc une utilité pour l’homme. Or, une œuvre d’art,produit d’une activité humaine destinée à priori à la contemplation, peut-t-elle être considérée comme un moyen en vue d’atteindre une fin quelconque ? Quelle serait la raison d’être d’une œuvre ? Qu’apporte l’œuvre d’art aux hommes ? La société peut-elle se passer d’artistes ? Autrement dit, l’art nous est-il réellement indispensable ? Le sens de l’œuvre d’art ne tient-il pas à son inutilité ?La notion de beaux arts (qui concerne les œuvres d’arts) n’est apparue qu’au 18ème siècle. Ce que nous appelons maintenant des artistes étaient considérés à l’époque comme des artisans. Une œuvre d’art de distingue aujourd’hui de la production artisanale qui se caractérise à la fois par une fonction d’utilité et d’esthétique. Elle se distingue également des objets techniques qui n’ontque pour but l’utilité. Or, si un outil, un objet vise avant tout l’utile, une œuvre d’art ne semble pas le viser.
L’œuvre d’art poursuit en effet prioritairement un but esthétique. On pourrait donc spontanément être conduit à penser qu’une œuvre d’art n’est pas utile. Kant, dans Critique de la faculté de juger assure que « tout intérêt présuppose un besoin ou en produit un ». Or, l’art nerépond à aucun besoin. Il n’est pas nécessaire à notre survie, puisqu’à preuve du contraire, on peut se passe des symphonies de Beethoven ou encore des toiles de Picasso sans mettre en danger notre vie. Par contre, il devient plus difficile de nos jours de se passer de voiture ou même de couverts car ces objets sont utilisés quotidiennement (objet technique). L’œuvre d’art n’est alors pas un outil,n’a pas de fonction matérielle donc utilitaire par rapport à nos besoins. L’œuvre d’art peut être belle, agréable à la vue, divertissante mais ce n’est pas son utilité qui la caractérise avant
tout.
L’art peut alors paraître superflu. La société capitaliste l’a transformée en produit de luxe dû à son prix et sa rareté. L’œuvre d’art est alors devenue une des possession favorites des hommes richesen achetant des produits qui ne leur seront utilitaires dans l’unique but d’afficher à tout le monde leur richesse. Notre société contemporaine a alors transformé l’art à son détriment en une vulgaire marchandise luxueuse.
Pour résumer, l’art ne répond pas à un besoin et peut paraître superflu. Pourtant, bien que l’art n’ait effectivement aucune fonction immédiatement utilitaire, il sembleraitque l’homme ne puisse s’en passer. L’utilité n’est-elle par relative à la fin qu’on se fixe ? Même un outil peut être inutile selon des situation car il ne serait par adapté à l’usage que l’on souhaiterait en faire (ex : voiture dans l’eau). L’œuvre d’art ne satisfait pas un besoin de consommation car il ne répond pas aux besoins vitaux, on peut même affirmer que l’art nous détourne des besoins.Dès lors, ceci nous conduit à remarquer que la question de l’utilité ne peut être posée indépendamment de celle du but. Dans ces conditions, quelle peut être l’utilité d’une œuvre d’art ? N’est ce pas justement de nous apprendre la découverte de ce qui peut nous procurer une satisfaction en dehors de ce qui sert et est pratique, donc de nous apprendre le désinteressement de l’utile ? En ce sens,l’art serait utile.
Bergson montre que le sens de l’art est justement de nous inviter à nous détourner de la seule préoccupation de l’efficacité pratique ; l’art nous libère de l’aliénation du quotidien. En ce sens, l’art nous invite à un certain désintéressement en nous rendant disponible et ouvert à ce qui est inutile à la satisfaction des besoins. Kant disait que « le goût…