Doit-on le respect?
Ne pas déverser dans la mer des déchets qui risquent d’empoisonner la faune locale ou ne pas pratiquer la vivisection constituent des règles élémentaires qui témoignent, semble-t-il, d’un respect dûau vivant. Et, cependant, on respecte un homme d’expérience ou un individu vertueux, et dans tous les cas, une personne ? jamais une chose. Le respect porte en effet sur la valeur que l’on attribue àun être doué de conscience et, pour cette raison, de liberté. Précisément : en vertu de quoi devrait-on respecter le vivant ? Est-ce en vertu d’une âme ou d’une conscience qu’il faut lui supposer ?Est-ce simplement parce qu’il partage avec l’homme la faculté de sentir, dont la matière inerte est au contraire privée ? Il reste que tout vivant (le brin d’herbe ou la bactérie par exemple) n’est passusceptible, sauf par hypothèse, de souffrir ou d’éprouver du plaisir. D’où le problème : l’homme doit-il compter au nombre de ses devoirs de respecter le vivant, ou bien peut-il au contraire letraiter comme la matière inorganique, et le mettre au service de ses intérêts ?`
1. Oui, on doit le respect au vivant
A. Le vivant est respectable parce qu’il est doté d’une forme de conscience parlaquelle il se distingue du nonvivant Telle est la position du vitalisme, qui explique la coordination des parties au sein d’un organisme par une force ou par un élan vital (il conviendra ici decritiquer cette conception avant de passer au 2. B.). B. On doit respecter le vivant en général, car tout vivant a des caractéristiques propres qui le distinguent de l’objet inerte : le vivant désigne unsystème organique qui semble répondre à une fonction (se perpétuer lui-même), dont le processus de formation dépend d’une programmation interne, et chez qui, enfin, toutes les caractéristiques de l’espècesont conservées, grâce à la reproduction (cf. Monod, sur ces trois signes distinctifs, dans Le Hasard et la Nécessité).
2. Non, on ne doit pas le respect au vivant
A. Le vivant n’est pas…