Y a-t-il un auteur dans la pièce ?

décembre 6, 2018 Non Par admin

Y a-t-il un auteur dans la pièce ? Ethos du personnage et “figure auctoriale”
Is there an author in the play? The character’s ethos and the “authorial” figure
Jürgen Siess
Résumé | Index | Plan | Texte | Bibliographie | Notes | Citation | Auteur
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Résumés
FrançaisEnglish
Cet article entend démontrer que dans le genre dramatique, aucuneinstance auctoriale n’intervient dans la communication qui s’établit entre le texte et le lecteur. Dans les textes dramatiques, le dialogue est omniprésent, la fonction narrative disparaît, chaque personnage construit son ethos qui est ‘négocié’ dans l’échange, et aucun ethos auctorial n’est décelable dans les didascalies. Un rappel des positions les plus marquantes de la théorie du drame et de lasémiotique du théâtre sur la question de l’auteur sont suivies d’un bref examen du Chemin de Damas de Strindberg et du Cinna de Corneille. Dans une pièce où le protagoniste a été perçu comme une projection de la personne réelle de l’auteur, et dans une tragédie où un tel rapprochement est impossible, on examine le jeu des ethè pour voir dans quelle mesure ils permettent d’induire une figure auctorialeou un garant du sens.

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Entrées d’index
Mots-clés :
ethos, dialogue, didascalie, dramaturge, personnage, sémiotique,théorie du drame
Keywords :
ethos, character, dialogue, dramatist, semiotics, stage direction,theory of drama

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Plan
1. Réflexions méthodologiques
1. 1. De l’analyse durécit à l’analyse du texte théâtral
2. L’auteur dans les diverses approches du genre dramatique
2. 1. La question de l’auteur dans la théorie du drame
2. 2. La sémiotique du théâtre face à la question de l’auteur
2. 3. L’analyse du discours et le texte dramatique
3. Analyses
3.1. Le chemin de Damas
3.1.1
3.1.2
3.1.3
3.2. Cinna ou la clémence d’Auguste (1641)
3.2.1.
3.2.2.
En guise deconclusion

Texte intégral
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* 1 Voir Amossy 1999, ouvrage de référence sur l’ethos.
1En règle générale, le public qui se rend au théâtre a certaines attentes liées au nom de l’auteur sur l’affiche. Ce nom renvoie pour lui à la personne d’un dramaturge réel, mais aussi à ce qu’il sait de lui en fonction des autres œuvres qu’il a pu voir ou lire. Si une image, mêmeschématique, s’est au préalable formée dans son esprit, il a tendance à la rechercher dans le spectacle nouveau. Dans la communication théâtrale, la relation s’établit pourtant entre les acteurs et les spectateurs en l’absence physique du dramaturge et du metteur en scène, qui peuvent tout au plus venir saluer lorsque le rideau est tombé. Il en va de même pour le lecteur de la pièce, du point de vueduquel je me placerai ici. Il se trouve face à un dialogue, éventuellement accompagné de didascalies qui l’aident à imaginer l’espace théâtral. Dans la parole du personnage dramatique se construit une image de soi, souvent changeante et complexe, qui entre en interrelation avec celle des autres personnages de la pièce1. Cet ethos doit être clairement distingué de l’ethos ‘auctorial’ qu’on pourraitinduire du texte dramatique dans son ensemble. Il faut donc se demander, non seulement comment une telle opération serait susceptible de se mettre en place, mais aussi dans quelle mesure elle est nécessaire pour assurer le bon fonctionnement de la communication.
1. Réflexions méthodologiques
1. 1. De l’analyse du récit à l’analyse du texte théâtral
2Rappelons que les notions de « figure del’auteur » ou d’« auteur abstrait » ont été forgées à partir de l’instance « implied author », auteur implicite, terme emprunté à Wayne Booth (1961) qui le définit comme le « second moi » ou la version idéale, fictive de l’auteur réel, mais aussi comme une figure qui se tient dans les coulisses (1983 : 151, 74-75). L’auteur implicite est distingué du narrateur et, dans certains cas, un net écart…