Victor hugo, les châtiments: souvenir de la nuit du 4

décembre 29, 2018 Non Par admin

Introduction
Situation historique : nuit du 4 décembre 1851 : deux jours après le coup d’État, Louis-Napoléon Bonaparte ordonne une fusillade boulevard Montmartre, pour réprimer les tentatives d’insurrection. Un enfant de 7 ans et demi, Boursier, y est tué. Beaucoup d’autres passants meurent également et plus de 30 000 personnes sont incarcérées dans les heures qui suivent.
Situation dans lerecueil : troisième poème du livre II, intitulé « l’ordre est rétabli » (dans un bain de sang innocent : ironie amère du titre).

Axes de lecture :
I- une scène réaliste
II-Un tableau pathétique qui suscite l’indignation
III- La dénonciation virulente du tyran par le poète

I- Une scène réaliste = témoignage
1) un auteur présent mais qui use de l’évocation et de l’expression avec simplicité:a- Le poète est témoin de la scène racontée : « on » (v.3, 19) et « nous » (v.5) désignent le poète + les autres. « les nôtres » (v.18) renvoient au groupe auquel appartient le poète (groupe ayant des idées politiques communes).
b) langage simple (sauf un imparfait du subjonctif, moins connoté qu’aujourd’hui) ; rimes plates ; parataxe.
c) alternance entre récit et discours direct (pour lesdétails les plus tragiques). Discours direct privilégié pour les propos de la grand-mère.
Seuls sont donnés les détails évocateurs : simplicité de l’émotion qui est plus suggérée qu’exploitée : naïveté touchante du vers « Moi je suis vieille, il est tout simple que je parte. »

2. description des lieux, des gestes et des paroles :
a) les objets : un logis chrétien (« rameau bénit »), propre etrustique ; un décor à la fois vague et précis : seuls sont donnés des détails évocateurs : le rameau, la toupie, l’armoire en noyer. Un endroit à la fois pauvre et sympathique : connotation morale importante : « honnête ».
b) l’enfant : la bouche ouverte de l’enfant et sa plaie. Sa pâleur. Les liens entre grand-mère et petit-fils. Les personnages ne sont pas nommés, mais seuls l’âge et leur liens deparenté importent. (d’où la possibilité pour le lecteur de généraliser).
c) succession de passés simples (verbes d’action dont la grand-mère est sujet) : vers 15, 19, 24, 25.

3. Le jeu des oppositions :
a) entre silence et bruit : bruit au dehors (bruit qui tue : les fusils) et au dedans (les cris de la vieille) ; silence respectueux de Hugo et surtout, silence de la mort.
=> l’enjambement auxvers 16-17 ?
Cet enjambement donne l’impression d’une continuité entre ce qui se passe à l’intérieur de la maison, et ce qui a lieu dans la rue. L’expression « on en tuait d’autres » renforce cette idée : le terme « autres », par son sens indéfini, semble indiquer que d’autres enfants se font assassiner, comme celui qui se trouve dans le logis.
b) entre pâleur et noir : pâleur de la mort et dulinceul ; couleur sombre du sang (les plaies), du noyer, du buis, de la nuit ; opposition entre les « doigts gris » et les « roses » de Napoléon.
c) entre chaleur et froid : le froid de la mort, les membres raides, les mains froides de la mort ; mais chaleur du foyer et de la vieille (un geste familier et touchant : prendre dans ses mains les pieds de l’enfant pour les réchauffer).
Aucun détailsuperflu (moins de détails que dans le texte en prose) : les détails sont propices à créer un climat d’émotion.

II- Un tableau pathétique qui suscite l’indignation
1) description réaliste et crue de l’enfant mort
-« un doigt dans les trous de ses plaies »
-comparaisons (chp lex de la nature) : « la mûre dans les haies », « comme un bois… »
-adresse au lecteur pour l’impliquer dans la scène, luidonner à voir le cadavre : « Avez-vous vu… ? »

2. Le pathétique
Il naît de l’innocence de l’enfant, martyre de la fusillade. le terme « enfant » est le premier et le dernier mot (ou presque) du poème : tout est centré sur l’absurdité de sa mort. Un enfant qui est à l’âge du jeu (la toupie) et de l’école (« il allait en classe »). => opposition innocence / mort
a)champ lexical de la mort :…