Une si longue lettre

janvier 2, 2019 Non Par admin

Exposé
Une si longue lettre de Mariama Bâ

Introduction

Une si longue lettre, roman de l’auteur sénégalais Mariama Bâ, est devenu, depuis sa publication en 1979, une oeuvre classique incontournable de la littérature africaine et a atteint une renommée internationale. Après la découverte de l’écrivain et de son œuvre, nous verrons ce qui fait d’Une si longue lettre une référence en matièrede culture et d’écriture féminine et féministe africaines, en observant les thèmes développés dans le roman et les raisons pour lesquelles nous recommandons cette lecture ou pas.

1 – L’auteur et son œuvre

1. – L’auteur

Il est intéressant de précéder la lecture de l’oeuvre de la lecture de la biographie de Mariama Bâ car on ne peut s’empêcher de penser que le roman Une si longue lettre estfortement influencé par le vécu de l’auteur. Mariama Bâ est née en 1929 à Dakar, au Sénégal, dans un milieu aisé, traditionnel et musulman. Orpheline de mère, elle a été élevée par ses grands-parents, très traditionnalistes. C’est l’influence de son père, qui a été le premier ministre de la santé sénégalais dans les années 50, qui lui a permis de faire des études, alors que ses grands-parents s’yopposaient. Très bonne élève en élémentaire, elle intègre l’école normale de Rufisque en 1943 et devient professeur en 1947. Elle enseignera pendant douze ans, avant d’être affectée à l’Inspection Régionale de l’Enseignement, en raison de problèmes de santé. Après avoir eu neuf enfants, elle divorce de son mari, le député sénégalais Obeye Diop. Elle prend alors de nombreux engagements dans desassociations féminines. Elle publie des articles et prononce des discours en faveur de l’éducation et des droits des femmes. Son premier roman Une si longue lettre est publié en 1979. L’auteur décède en 1981 des suites d’une maladie. Son second et dernier roman sera tout de même publié, à titre posthume, la même année.

2. – Le roman

Une si longue lettre est un roman épistolaire écrit à lapremière personne du singulier. En effet, l’ensemble des vingt-sept chapitres constitue la longue lettre qu’une femme sénégalaise et musulmane, Ramatoulaye, veuve en période de réclusion traditionnelle, écrit à Aïssatou, sa meilleure amie depuis l’enfance. Ces quarante jours de réclusion sont donc, pour Ramatoulaye, l’occasion de confier ses peines à son amie, de se remémorer leurs souvenirs et deréfléchir à sa nouvelle condition de veuve mère de douze enfants. On peut distinguer quatre parties dans cette lettre.

Tout d’abord, Ramatoulaye raconte la mort de son mari Modou Fall à son amie et décrit les cérémonies traditionnelles qui ont suivi, en particulier celles des premier et huitième jours, avec les condoléances, les offrandes etc. Elle explique comment tout est pris en charge par lafamille du défunt. Le début de cette lettre est marqué par l’aigreur et l’amertume de Ramatoulaye à l’encontre de son défunt mari, en raison de la présence de Binetou, la jeune co-épouse. Cette aigreur se transforme en colère et en rancœur quand elle découvre qu’alors qu’ils étaient d’un milieu aisé, son mari n’a laissé que des dettes, n’ayant cessé d’emprunter pour répondre aux exigences de sajeune seconde épouse et de sa mère. Effondrée, Ramatoulaye ne cesse de se demander pourquoi et comment ils en sont arrivés à cette situation : « Folie ou veulerie ? Manque de cœur ou amour irrésistible ? Quel bouleversement intérieur a égaré la conduite de Modou Fall pour épouser Binetou ? Et dire que j’ai aimé passionnément cet homme, dire que je lui ai consacré trente ans de ma vie, dire que j’aiporté douze fois son enfant. L’adjonction d’une rivale à ma vie ne lui a pas suffi. En aimant une autre, il a brûlé son passé moralement et matériellement, il a osé pareil reniement… et pourtant. Et pourtant, que n’a-t-il fait pour que je devienne sa femme ! »[1]. Cette pensée est alors prétexte au plongeon dans ses souvenirs et ceux de son amie Aïssatou.

Commence alors la deuxième partie de la…