Tout les matins du monde
l’écouter jouer.
Pendant que le maître s’absente de ce monde, son élève et Madeleine, sa fille aînée, s’aiment. Quand Monsieur de Sainte-Colombe annonce à Marais qu’il ne peut (veut ?) plus rienlui apprendre, le jeune homme va offrir ses services à Jean-Baptiste Lully, directeur de l’Académie royale de musique, qui l’engage. Marais revient chez les Sainte-Colombe habillé en blondin de cour :rhingrave, rouge aux lèvres, perruque blonde; quand il conte comment il est fêté à Versailles, Sainte-Colombe en fureur fracasse la viole du virtuose mondain contre la cheminée et le chasse hors de savue. Marais revient cependant, à l’insu du maître, prendre des leçons particulières de Madeleine; elle l’introduit même sous la cabane de Sainte-Colombe pour qu’il puisse continuer à s’inspirer desthèmes, des ornements inédits et du jeu inégalable du vieux musicien.
L’ascension de Marin Marais dans le milieu musical de la cour continue et il s’éloigne de plus en plus de l’austère maisoncampagnarde. Il annonce finalement à Madeleine qu’il ne reviendra plus car « Il y a trop de figures nouvelles à Versailles ». Elle s’alite alors, accouche d’un enfant mort-né et tombe en cachexie.
Au fildes années, le mutisme de monsieur de Sainte-Colombe s’accentue. Il refuse à Madeleine, confinée au lit, de lui jouer « La Rêveuse », un morceau que Marais avait composé pour elle autrefois.Madeleine, se sentant près de la mort, envoie un billet à Marais lui mandant de venir à son chevet. Celui qui est devenu un musicien bien en cour dirige à Versailles l’orchestre de chambre du roi, en battantimpérieusement la mesure de sa canne (comme le faisait Lully) quand on lui apporte le billet; il refuse tout net de se déplacer mais son battu se dérègle… Il finit par monter en carrosse pour allerchez les Sainte-Colombe. Madeleine, devenue grabataire, réalise en le revoyant qu’elle a aimé passionnément et tout donné à un cynique égoïste, qui ne sait que s’étonner de la décrépitude où est elle…