Tous les matins du monde, quignard : l’opposition campagne/cour
La campagne et la Cour dans Tous les matins du monde
INTRODUCTION
• Quignard a écrit « pour être lu en 1640 » ? une certaine réalité dans la description. Mais alors qu’est ce qu’un lecteur du Grand Siècle ? C’est d’abord quelqu’un qui aurait pu comprendre, ressentir une des limites posées dans l’œuvre : l’opposition campagne-cour, représentative du XVIIème. (qui s’avère être un véritable pbpolitique, visible dans le roman lorsque le roi envoie un émissaire Caignet, sous la forme d’une véritable mission diplomatique chez Mr de Sainte SC)
• la seconde moitié du Grand Siècle est marquée en France par le règne de Louis XIV et sa politique de centralisation autour de Versailles. Hégémonie parisienne sur l’ensemble du territoire : la cour s’impose. Louis XIV – Roi Soleil – peut ainsicontrôler courtisans et modes de pensées. La province est délaissée. Contrastes flagrants entre ces deux espaces. De quelle manière ce contraste, qui est une réalité historique établie, va t-il être un motif récurrent dans les deux œuvres et surtout, qu’est ce cela va entraîner, au plan du « drama », de l’action dramatique et donc de l’évolution des personnages?
I- Des contrastes à travers lesespaces
1) La Campagne
– d’abord une fresque ou une peinture propice à la description d’espaces champêtres et bucoliques :
? chap 1, description : « donnait sur la Bièvre », « saules », « forêts qui surplombaient la vallée »
? chap 4, Caignet décrit l’environnement : « ces forêts vertes qui vous surplombent. »
=> natureenvironnante et dominatrice
? chap 10 pour Madeleine et chap 6 pour S-C : baignade dans le lac + nudité de Madeleine
=> peinture de la jeune fille nue près de l’eau (classique)
? film : les plans du domaine lors de l’enfance des filles (8 min)
? chap 11 : le froid en hiver, « la campagne était recouverte de neige »
==> harmonie avec la nature (lebêchage du jardin, lavage du linge, Toinette et le poisson …)
– mais aussi, espace de l’intimité de S-C :
? la cabane de Sainte-Colombe : lieu de retraite, intime, privé
? le lac : répond au besoin d’être seul et de se fondre dans la nature ? refus de toute civilisation (cf enlever les vêtements qui sont la marque de l’appartenance à une culture)
==> campagne = lieu privilégié permettantl’introspection et l’apparition du fantôme
Vers la Cour ?
• pas de lien entre les deux + pas de volonté de lien (chap 1) : la route n’a jamais été pavée entre Paris et la maison de la Bièvre : marque l’isolement, le refus. Toutefois, il existe malgré tout…
2) Des espaces intermédiaires
– la demeure des Sainte-Colombe, l’atelier de Baugin, la salle de jeu de Paume etl’atelier de Pardoux, le luthier
=> lieux dans lesquels peut se rendre S-C (qui ne sort que 3 fois dans l’œuvre : chez Pardoux (chap 3), avec Marin (chap 12) et lorsqu’il va jouer à la chapelle (chap 15)).
=> dédiés à l’Art, la religiosité ou le loisirs (espaces de compromis essentiellement : Baugin est aussi celui qui évoque l’« or », plus que l’enjeu artistique tout en continuantà exercer son Art ; Pardoux est un citadin mais dont le travail de qualité peut attirer SC…)
? livre & film : occupent la même place même si la description de l’initiation de Marin n’est pas représentée entièrement dans le film
3) La Cour (différente chez Corneau / Quignard) :
– dans le livre : ? si l’on s’intéresse aux espaces, la Cour est absente
? il se concentre surl’influence et les agressions de la Cour sur la campagne dans des récits ayant pour cadre spatial, exclusivement, la campagne et où elle est omniprésente et présentée comme naturelle, mise en valeur
– dans le film (Corneau la filme à plusieurs reprises dans la Grande galerie de la banque de France ; s’inscrit dans la lignée classique des reconstitutions historiques au cinéma) : ? la Cour, telle…