Théâtre
Anne Ubersfeld
« Victor Hugo et le théâtre »
Anne Ubersfeld, Victor Hugo et le théâtre, Paris, La Pochothèque, 2002
Victor Hugo et le théâtre est l’avant-dernière œuvre d’Anne Ubersfeld, spécialiste de Hugo et du théâtre romantique. Se focalisant sur Hugo, elle a rédigé une thèse (Le Roi et le Bouffon) sur le théâtre de Victor Hugo qui s’intéresse à la solitude del’homme ainsi qu’à la conscience individuelle face à la société. Elle a participé assidument aux séances du Groupe Hugo et a exploré le théâtre de Hugo ainsi que sa réception par la presse et les élites de l’époque. L’ouvrage, illustré, se divise en six parties qui couvrent toute l’œuvre théâtrale. Quant aux échecs et aux succès des textes dramatiques de Hugo, ils sont présentés à travers le livred’Anne Ubersfeld mais c’est dans les trois dernières parties qu’il est possible d’appréhender les caractéristiques du théâtre de Hugo aussi bien que ses idées propres de la satisfaction du public. Nous suivrons donc le plan de cet ouvrage. . I. Théâtre. Les premières influences de Hugo sontcelles de Molière et de Pixérécourt. A dix ans, il commence par écrire une comédie burlesque, L’enfer sur terre, ensuite, un drame parodique, Château du Diable, il s’agit selon Anne Ubersfeld de « théâtre dans le théâtre».puis la troisième pièce est une tragédie, Irtamène. Après cette période de jeunesse Hugo rédige la tragédie inachevée d’Athélie qui donne sa place au vaudeville A.Q.C.H.E.B. Ilcontinue à créer pour produire Inès, un drame romantique dont l’argument est puisé dans ses souvenirs biographiques et littéraires de l’Espagne : c’est l’illustration de l’amour absolu, comme celui d’Hernani et celui de Ruy Blas mais la représentation est interrompue par la censure. Dès 1820, il a abordé tous les genres. Il se gausse du mélodrame et du vaudeville. Les théâtres de l’élite du tempssont l’Opéra, l’Opéra-Comique, le Théâtre-Français. Le plus prestigieux est l’Odéon, situé dans les quartiers animés de Paris. Tous bénéficient d’une subvention de la part du gouvernement. La tragédie néo-classique inspirée de la tragédie de Voltaire relate des histoires de sentiments et de morale sur un modèle racinien, mais généralement ennuyeuses. Le renouvellement se trouve dans celles deNépomucène Lemercier, qui s’écarte de la règle des unités et ose associer le comique et le tragique, et même adapter Shakespeare. Cependant le genre qui attire le plus les foules est le mélodrame, né au XVIIIe siècle, un genre original comprenant de la musique, comparable à l’« opérette » contant les aventures périlleuses et sentimentales d’une famille. Un théâtre pour le peuple qui s’appuie sur un jeud’acteurs plus mobiles ce qui donne tout son sens au visuel, à la gestuelle, à la mimique. Dans les années 1820, de nombreux écrivains s’intéressent à la représentation de l’Histoire et ils créent des pièces qui ne sont pas jouées mais qui préfigurent un grand théâtre historique en préparant le drame romantique comme drame de l’Histoire. Le changement esthétique a amené un rapport nouveau entre lethéâtre et la société : c’est-à-dire le plaisir d’une élite ; le théâtre devient la distraction d’un vaste public. C’est le visuel qui est pris en compte ainsi que les costumes, les mouvements, les décors. Shakespeare, introduit en France par un essai de Guizot, a eu une grande influence sur Hugo. . II.Hugo : Les commencements. . En 1827, Hugo essaie de terminer deux œuvres : Amy Robsart et Cromwell. La première est un échec, tandis que la deuxième connaît le succès. Hugo essaie d’explorer les limites du théâtre et de montrer le tout, l’ensemble de la société….