Synthèse sur le vivant philo
Cours sur le vivant
Introduction
L’homme un être vivant comme les autres ?
On rappellera la conséquence des révolutions scientifiques pour ce qui est de la place de l’homme –d’abord la fin du géocentrisme (Copernic, Kepler, Galilée, Newton), ensuite la fin progressive de l’anthropocentrisme, notamment dans le domaine de la biologie. Au XVII° Buffon le premieravait en effet émis l’hypothèse que l’âne et le cheval pouvaient dériver l’un de l’autre, l’âne étant un cheval dégénéré ; de même il émet comme hypothèse que le singe peut être pris comme un homme dégénéré. En généralisant Buffon se demande si tous les êtres vivants n’auraient pas pu être formés par Dieu à partir d’un seul être, pour cependant revenir de façon plus prudente à la création simultanéede toutes les espèces.
L’homme conserve longtemps son privilège de créature de Dieu dominant la Nature jusqu’à Lamarck qui est le réel inventeur de la théorie de l’évolution. Pour lui les espèces se transforment les unes dans les autres, sous l’effet de l’usage et de la désuétude, à partir de la génération spontanée du vivant qui s’applique de tout être vivant, y compris l’homme. C’estLamarck (1744-1829) qui fait vraiment tomber l’homme de son piédestal, alors que Darwin, 50 ans plus tard, ne fera que proposer des mécanismes plus cohérents pour ce qui est de l’explication de l’évolution –en remplaçant l’usage et la désuétude par la lutte pour la vie.
I° la compréhension du vivant entre finalité et mécanisme :
A° la conception finaliste et hiérarchique du vivant:
Aussi loin que l’on remonte dans l’analyse du vivant, on trouve le débat qui consiste à opposer une interprétation finaliste et une interprétation mécaniste du vivant ; cette opposition était déjà formulée par Socrate dans le Phédon, lorsqu’il s’agissait dans le Criton de savoir pourquoi Socrate assis dans sa prison. Si l’on nie l’existence de causes finales, c’est-à-dire l’intentionsignificative qui a présidé à l’acte –deux hypothèses s’affrontent :
() soit Socrate est assis parce qu’il a des tendons, des muscles fléchisseurs parce qu’il a une articulation qui lui permet de le faire ; () si on accepte les causes finales on dira que Socrate est assis parce qu’il l’a décidé en fonction de ce qu’il jugeait être bon pour lui –il est meilleur d’obéir aux lois de la citéplutôt que leur désobéir. Aristote reprend cette perspective pour penser la spécificité du vivant : le vivant est un être vivant animé qui peut se déplacer et s’arrêter. Ce qui fait la vie de cet être c’est donc la possession d’un principe de mouvement qui distingue l’animal (l’animé, ce qui possède une âme) de l’être inerte (la pierre) et de l’artefact, de l’être artificiel. Mais la possessiond’un principe d’animation ne suffit pas pour penser le vivant, il faut aussi recourir à la finalité, c’est-à-dire à ou aux fins que réalise, poursuit le vivant.
Exemple de finalité : je ne peux bien comprendre ce qu’est l’œil que si j’analyse la structure de l’œil en fonction de la fin qu’il remplit, si je réponds à la question « pourquoi ? ». L’œil est fait pour voir, par conséquent lamanière dont il est fait s’explique par la fin qui consiste à bien voir selon l’utilité de l’animal ; cette fin est identifiée par Aristote à la forme qui, comme principe intelligible, s’unit à la matière, le composé matière-forme donnant cette unité qu’on appelle le vivant, sauf que dans le cas du vivant cette forme est identique à l’âme.
L’analyse du vivant ne se réduit pas à un finalismenaïf du genre « les souris existent pour être mangées par les chats ! » comme raillera Engels dans sa Dialectique de la Nature, mais elle suppose une combinaison de l’étude des facteurs matériels et des facteurs finaux pour rendre compte des caractéristiques de tel ou tel organisme. L’analyse du vivant intègre en son sein la téléologie (littéralement science des fins), l’analyse des fins du…