Sociologie du bénévolat

novembre 28, 2018 Non Par admin

Introduction : Même l’ONU pense à ces « braves » bénévoles…

Dans la société française qualifiée souvent d’ « individualiste », le bénévolat est une pratique cependant très valorisée. En 1985 l’ONU crée la journée mondiale du bénévolat afin de promouvoir cette pratique. Il est l’occasion de décerner des « prix du bénévolat à des bénévoles particulièrement méritants […] Afin de tenir compte del’importance du bénévolat dans notre pays ». Cette journée est soutenue par de nombreux partenaires (France bénévolat, Espace bénévolat…), qui ont tout intérêt à voir la pratique bénévole se développer et qui participent activement à cette reconnaissance.
Nous allons dans ce dossier étudier cette pratique fortement légitimée depuis des années à travers les entretiens faits auprès de deux membresdu génépi (groupement étudiant national d’enseignement aux personnes incarcérées). Avant cela nous nous efforcerons de présenter un panorama du bénévolat.

II) Planter le décor.

1. Profil des associations :

Dans l’enquête « Les associations en France », Viviane Tchernonog dresse le portrait du monde associatif tel qu’il est en 2007.Elle remarque principalement de fortesdisparités entre les 1100 000 associations qui composent le territoire français. En effet, la plupart des associations n’ont pas de salariés (84%) et fonctionnent uniquement avec des bénévoles, tandis que 16% des associations sont employeurs. De plus 2% de ces associations possèdent 55% du budget total. Un très grand nombre de petites associations s’appuient sur le bénévolat tandis que quelquesassociations salariés fonctionnent avec de gros moyens. Il y a également de réelles différences entre les secteurs des associations. En effet 60% des associations font partie du secteur sportif, culturel et loisirs, alors que 3,7 sont des associations caritatives de type humanitaire.
Cette étude nous renseigne également sur le mode de financement des structures associatives qui sont : les cotisations,les dons et les mécénats, les subventions publiques et les recettes d’activités privées. Cependant elle remarque que plus de la moitié des budgets associatifs sont issus de financements publiques. Quant à l’emploi créé par le monde associatif il est plutôt précaire (à temps partiel et saisonnier).
Il faut cependant relativiser le bénévolat exclusivement inséré dans le milieu associatif. D’aprèsProuteau, il existe un bénévolat informel qui est réalisé en dehors de tout organisme et qui est difficilement repérable.

Une sélection dans le monde associatif

Francis Lebon, docteur en sociologie a travaillé sur l’engagement dans l’animation en centre de vacances et de loisirs. Selon lui l’obtention du BAFA et le travail en centre permet d’acquérir une préprofessionnalisation. Eneffet, il remarque que 64,5% des futurs enseignants ont suivi cette démarche et que les travailleurs sociaux sont aussi largement majoritaires à s’être engagés sur cette voie.
Ces jeunes volontaires possèdent leur BAFA ou sont en cours de formation lorsqu’ils travaillent dans les centres ; Ils ont donc des compétences spécifiques leur permettant de s’occuper d’enfants et d’adolescents dans ces typesde structures. Cette idée fut évoquée par Mathieu Héli et Denis Bernardeau Moreau dans l’article « la sphère de l’engagement associatif : un monde de plus en plus sélectif ». Ils introduisent une notion, le bénévolat de compétence. Selon eux, les associations se tournent de plus en plus vers un bénévole possédant déjà une formation ou des qualités pouvant servir à la structure. Par exemple uneassociation travaillant principalement avec des immigrés roumains cherchera en priorité quelques bénévoles sachant parler la langue pour faciliter le contact avec les usagers.
Il ne faut cependant pas réduire le travail bénévole à un bénévolat de compétence. Hamidi dans son enquête : Les raisons de l’engagement associatif : Le cas de trois associations issues de l’immigration maghrébine, révèle que…