Sartre l’existencialisme est un humanisme
Plan
Sartre établit ici le principe fondateur de sa philosophie. Il raisonne pour cela par l’absurde en partant du principe qui lui est le plus opposé, que l’on peut qualifier d’« essentialiste » etselon lequel « l’essence précède l’existence ». Or il s’avère qu’affirmer la primauté de l’essence conduit à avoir une « vision technique du monde » et à postuler l’existence de Dieu. Sartre rejettedonc ce principe, pour en renverser les termes. L’enjeu de ce renversement consiste à affirmer la liberté absolue de l’homme et à le rendre entièrement responsable de son existence.
Comment penser eneffet la liberté ? Est-elle possible, s’il existe un modèle d’humanité comme il existe un modèle de coupe-papier ? Ne faut-il pas renoncer à emprunter à la technique nos méthodes de penser dès qu’ils’agit d’humanité ? Ne doit-on pas inverser le rapport traditionnellement établi entre l’essence et l’existence en affirmant, dans le cas de l’homme, la primauté absolue de l’existence ?Argumentation
L’essence d’une chose en est l’attribut principal, ou la fonction propre, permettant de la définir et qui correspond à son idée, purement intelligible, ou à son modèle, identique pour tous.L’existence d’une chose correspond en revanche à sa présence réelle et matérielle, toujours singulière, localisée dans l’espace et dans le temps ou donnée dans l’expérience sensible, ici et maintenant.Sartre remarque que tous les objets qui sont fabriqués par les hommes sont conçus avant d’être réalisés. C’est le cas du coupe-papier. Leur essence, ou idée, précède leur existence réelle. Cela est vrai detous produits de la technique. Avoir une « vision technique du monde » consiste ainsi à affirmer que l’essence précède l’existence. Mais cela conduit, logiquement et par analogie, à affirmerl’existence de Dieu, poursuit Sartre. Comme il existe des artisans qui conçoivent les choses, il doit exister un fabricant de la nature dans le cas du monde. La vision technique devient ainsi théologique….