Sarkozy président
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Mesdames et Messieurs les Directeurs généraux des Organisations internationales,
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,
Qui aurait cru lorsque le G20 s’est réuni pour la première fois à Washington que ces rencontres nous mèneraient 3 ans plus tard à aborder le sujet de l’agriculture ?
Et pourtant, rebâtir le capitalisme mondial, ce n’est pas seulementchanger son mode de fonctionnement, c’est aussi remettre au centre de ses priorités les besoins des peuples et l’activité des hommes. L’agriculture est la première activité dans le monde, l’agriculture est la première réponse aux besoins vitaux des populations. A ceux qui en doutent encore, l’actualité vient apporter les terribles preuves de l’urgence qu’il y a à inscrire l’activité agricole aucœur de notre action. Depuis le début de l’année, 44 millions de personnes ont plongé dans la pauvreté, depuis le début de l’année, dans des pays qui risquent à tout moment d’être déstabilisés par les émeutes de la faim.
Trop longtemps on s’est contenté de dire que l’agriculture était un paramètre de la croissance mondiale parmi d’autres. Lorsqu’il y avait des crises agricoles, faute deconsensus, faute de courage aussi, faute de courage, on écrivait des rapports, on évoquait la nécessité de mener une réflexion, plus tard, toujours plus tard. En fait, jamais. Aujourd’hui, il est temps d’agir. L’agriculture doit reprendre toute sa place au sein d’une économie mondiale qui retrouve du sens, une économie mondiale qui crée de la valeur pour tous et qui la partage, une économie qui respecte letravail des paysans et qui construit une croissance durable.
Il en va de la vie de milliards de gens à travers le monde, il en va de l’équilibre de vos sociétés, il en va de la préservation de nos ressources naturelles.
La flambée des cours des matières premières menace aujourd’hui la reprise mondiale. Elle peut plonger des populations entières dans la famine et la pauvreté. Elle provoquerades émeutes si nous ne faisons rien. Il y a aujourd’hui urgence Nous devons agir, agir tous ensemble, pour éviter que le monde ne connaisse à nouveau une crise agricole et alimentaire.
Voilà pourquoi la Présidence française du G20 a souhaité s’appuyer sur toutes les forces vives de l’agriculture mondiale, en rassemblant au-delà du seul G20 : depuis l’Assemblée générale des Nations Unies jusqu’auForum économique de Davos, depuis les entreprises des secteurs agricole et agro-alimentaire jusqu’aux 48 États réunis par l’Allemagne le 22 janvier dernier, depuis les organisations internationales jusqu’aux agriculteurs de 70 pays, qui se sont rassemblés à Paris la semaine dernière.
Cette mobilisation ne doit pas nous faire oublier la responsabilité première qui incombe aux gouvernements duG20. C’est à vous, ministres de l’Agriculture, qu’il incombe aujourd’hui de proposer le plan d’action qui guidera toutes les réalisations à venir.
Face à la crise financière, le G20 a montré sa capacité à relancer l’économie mondiale puis à instaurer une nouvelle régulation. Le mot régulation n’est pas un gros mot. Un marché sans règles n’est plus un marché. Ce que nous avons été capables defaire pour les marchés financiers, notre devoir est de le faire pour les marchés agricoles
Les pays du G20 représentent 65% des terres agricoles, 77% de la production mondiale de céréales et 80% du commerce mondial de produits agricoles. Les pays du G20 ont un poids immense dans l’agriculture mondiale, donc une responsabilité immense dans le devenir de l’agriculture mondiale. Nous ne pouvons pasdire, vous ne pouvez pas dire : c’est la faute des autres. C’est notre responsabilité et maintenant, pas demain, maintenant.
Alors je sais que la crise actuelle est complexe. S’il suffit de dire que les problèmes sont complexes pour ne pas les traiter et si on doit renoncer à traiter les problèmes complexes, profitez du tourisme à Paris car tous les problèmes sont par nature complexes mais…