Romantisme
Le romantisme émerge en Allemagne à la fin du xviiie siècle. Novalis en définit le programme dès 1798 : « Le monde doit être romantisé. Ainsi on retrouvera le sens originel. […] Quand je donne auxchoses communes un sens auguste, aux réalités habituelles un sens mystérieux, à ce qui est connu la dignité de l’inconnu, au fini un air, un reflet, un éclat d’infini : je les romantise1 ».
En France,on a donné le nom de romantisme au grand courant littéraire qui a commencé aux environs de 1820 et s’est poursuivi jusqu’aux alentours de 1850, pendant la Restauration et la Monarchie de Juillet. Cenom désigne un art où l’imagination et la sensibilité prédominent sur toute autre faculté de l’esprit. Plus généralement, il évoque des formules diamétralement opposées à celle de l’art classique desxviie et xviiie siècles.
La définition du romantisme, c’est d’être « indéfinissable », écrit Claire de Duras en 18242.
Le mot romantisme n’a pris ce sens précis que tardivement. La crise romantiquede la littérature française n’est qu’un des aspects tardifs d’un mouvement bien plus général, qui s’est fait sentir dans l’Europe. Comme la France, l’Angleterre, l’Allemagne, la Russie ont eu leursromantiques, et au nom de Victor Hugo répondent ceux de Byron, de Novalis et de Alexandre Pouchkine. L’art pictural n’est pas moins concerné que la littérature avec Delacroix, David d’Angers, et lamusique avec Berlioz, Wagner.
Baudelaire a proposé sa définition du romantisme au Salon de 1846 : « Le romantisme n’est précisément ni dans le choix des sujets ni dans la vérité exacte, mais dans lamanière de sentir. Ils l’ont cherché en dehors, et c’est en dedans qu’il était seulement possible de le trouver. Pour moi, le romantisme est l’expression la plus récente, la plus actuelle du beau. Il y aautant de beautés qu’il y a de manières habituelles de chercher le bonheur. La philosophie du progrès explique ceci clairement ; ainsi, comme il y a eu autant d’idéaux qu’il y a eu pour les peuples…