Requalification urbaine

décembre 16, 2018 Non Par admin

Requalification urbaine et enjeux sociaux
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Par Sandra Guinand, assistante-doctorante à l’Institut de géographie de l’université de Lausanne
En Suisse, l’expression « requalification urbaine » est de plus en plus en vogue dans le jargon desurbanistes, politiques et autres acteurs de la ville. Que signifie-t-elle ? Et quelles sont les implications qu’elle revêt ? L’objet de ma contribution est ici d’interroger son origine afin de mieux appréhender son signifiant dans le cadre des politiques ou des programmes d’urbanisme. De même, il paraît opportun de poser les différents enjeux, notamment sociaux, sous-jacents à la mise œuvre de cesprojets.
Eclairage d’un concept
Le concept de requalification urbaine, principalement utilisé en Suisse, et tel qu’utilisé aujourd’hui par les acteurs de la ville, s’appuie sur ceux de régénération urbaine et de renouvellement urbain. Ceux-ci trouvent leur origine dans les problématiques issues de la période post-industrielles qu’on peut localiser à la moitié du XXe siècle.
Le territoire urbainissu de cette période se caractérise par de nouvelles formes qui se sont notamment concrétisées par de l’habitat ouvrier dense (courées) souvent situé autour d’un lieu de production (usine, manufacture, etc.) créant ainsi un tissu de constructions désorganisées et aléatoires. La révolution technique et la découverte de nouvelles ressources (énergétiques) a marqué la fin de ce type de production etmontré l’inadéquation de cette morphologie (usine au cœur de la ville, habitats ouvriers, courée, etc.). Les acteurs politiques et économiques ont donc laissé ces morceaux de ville en déclin pour se tourner vers la périphérie (relocalisation des usines, de l’habitat pavillonnaire, et des cités ouvrières). Ce processus d’extension s’est accéléré avec la démocratisation de la voiture ainsi que lamini révolution des modes de communication. C’est notamment le cas de villes comme Liverpool ou Manchester.
Dès les années 1970, de nouveaux changements structurels économiques (crise pétrolière, etc.) mettent en exergue l’obsolescence de cette organisation spatiale et amènent les techniciens et politiques à se poser la question du devenir de ces espaces vides en cœur de ville et le rôle qu’ilspourraient jouer dans la restructuration du territoire. En effet, la présence d’industries est considérée comme inappropriée en centre ville car consommatrice de trop d’espace. De même, l’étalement urbain semble de plus en plus difficile à contenir de manière cohérente et structurée. Se dessine alors lentement dans les esprits, un schéma de retour et de reconquête de ces espaces urbains délaissés. Al’origine même de ce nouveau référentiel de pensée, découlent et se développent des pratiques urbaines précises sous les dénominations de « régénération urbaine » et de « renouvellement urbain ». Ces nouvelles méthodes de faire la ville se réfèrent à l’idée d’une transformation de la ville (spécifiquement marquée par son héritage industriel) sur elle-même ainsi que d’une relecture positive de sonidentité. L’enjeu majeur de ces reconquêtes et de trouver une nouvelle vocation aux territoires concernés afin d’impulser une nouvelle dynamique.
On peut citer ici les exemples de Bilbao – ancien port industriel, récemment reconverti en ville « culturelle » ayant pour emblème le Musée Gugenheim de l’architecte Franck Gerry – ou de l’Emscher Park dans la Ruhr – territoire allemand regroupant 17anciennes villes minières. Dans ce cas-ci, c’est le land de Rhénanie du Nord Westphalie qui a mandaté l’IBA (du mot allemand Internationale Bauausstellungen [Expositions internationales d’Architecture], qui d’expositions sont devenues de véritables programmes de développement urbain ou régional) sur une période de dix ans (1989-1999) pour redynamiser l’ensemble du territoire. Une multitude de…