Prise de decision
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Evaluer une Economie : Une Pratique Plurivalente
Yasmine GUESSOUM
Centre d’Economie et de Finances Internationales CNRS – Université de la Méditerranée Aix-Marseille II
Résumé : Très souvent perçue en tant qu’instrument de jugement a posteriori, l’évaluation a entre autre été conçue comme méthode de formulationdes politiques et de gestion des projets. A présent devenu étape incontournable, notamment dans le domaine de l’aide à la décision, cette pratique est non seulement empruntée pour tirer profit d’expériences antérieures, mais elle est aussi utilisée à des fins de contrôle, d’autant plus sollicitée, que la stabilité du contexte économique actuel est mise à l’épreuve. Evaluer, c’est donc une démarcheindispensable à l’orientation voire à l’influence de tout processus de décision, à partir du moment où il s’agit d’opter pour un projet, d’entreprendre un processus de réforme ou de faire le bilan d’une situation. Dans la pratique, l’évaluation, appliquée sous une forme opérationnelle, suppose l’emploi de diverses méthodes d’agrégation (au niveau de la représentation des actions, de la constructiondes critères, de la modélisation des préférences…), avec l’idée d’attribuer une valeur ou un sens à une situation réelle, à la lumière d’une situation désirée. En effet, il est avant tout question de formuler un jugement, via la confrontation de données relevant d’un fait et concernant l’objet réel à évaluer, et d’autres données relevant de l’idéal et concernant les attentes ou les intentions quis’appliquent à ce même objet. L’évaluation reste donc étroitement liée à des notions purement théoriques et se heurte encore à des conflits d’ordre philosophique, notamment à cause du concept de subjectivité qui y joue un rôle prédominant. C’est pourquoi, il est indispensable de faire le point sur les différents angles d’approche qui en font une pratique plurivalente. Mots Clés : Etudeépistémologique, Evaluation, Jugement de valeur, Note, Référence, Subjectivité.
Décembre 2003
Introduction. L’évaluation, pratique courante voire habituelle, intervient à tous les niveaux dès lors qu’un jugement est émis ou un avis sollicité. Pourtant, cette démarche est accompagnée d’une complexité relevant de la confusion entre les valeurs, intérêt et vécu de l’évaluateur d’un côté et ceux del’évalué, de l’autre. Sa nature pouvant à la fois conforter la situation de ce dernier ou encore le pénaliser, implique que ce processus soit souvent accompagné de préjugés et d’appréhensions associés aux finalités que le système lui donne. Dans ce même ordre d’idée, évaluer une économie est un acte qui consiste à porter un jugement critique d’ordre qualitatif et / ou quantitatif selon certains critèresprécis, en vue de prendre une décision politique, de lancer un projet économique ou d’entamer une réforme sociale. Ce jugement de valeur énoncé à partir d’informations recueillies par un observateur, relève d’une connaissance descriptive plus ou moins biaisée à partir de laquelle sont inférées des conséquences assimilées la polarité positif / négatif. C’est pourquoi, cette pratique demeure encoreaujourd’hui fortement associée à la note ou à l’appréciation émise par les agences de rating et accessible au grand public, à la frustration qui peut s’en suivre, tout autant qu’à la notoriété qu’elle confirme ou infirme. De ce fait, il est utile de s’interroger sur les fondements de l’évaluation, sur les motivations de l’évaluateur et sur le recul qu’il peut avoir par rapport à l’évalué, tout deuxfaisant parti d’un même système. Autrement dit, c’est l’objectivité de la démarche employée qui est remise en question tout comme l’impartialité de son utilisateur. Dans ce sens, l’idée serait peut-être de faire en sorte que l’évaluation ne se réduise pas à une simple juxtaposition de situations notées ou à un pur jugement ponctuel face à un évènement donné, mais qu’elle soit plutôt comprise…