Pourquoi le général de gaulle a-t-il voulu que les français élisent directement leur chef d’etat ?

décembre 1, 2018 Non Par admin

Dissertation : Pourquoi le Général De Gaulle a-t-il voulu que les français élisent directement leur Chef d’Etat ?

Lors du Discours de Bayeux énoncé le16 juin 1946, le Général De Gaulle exposait déjà l’idée selon laquelle le pouvoir exécutif ne devait émaner de l’organe législatif, certains politiques comme Léon Blum affirmaient alors que pour donner pleine cohérence au contre projet du GénéralDe Gaulle, le Président de la République devrait être élu au suffrage universel direct. Pourtant, lors de l’écriture de la Constitution, il est encore trop tôt pour introduire l’élection du Président de la République au suffrage universel, surtout face à des hommes politiques profondément parlementaristes qui ne manquent de rappeler que cette dernière a conduit, il y a moins d’un siècle, àl’instauration d’une dictature. Ainsi lors de sa promulgation le 4 octobre 1958, la Constitution proclame par les articles 6 et 7 que l’élection du Président se fera par le vote d’un collège électoral plus large que le Parlement – première victoire – composé outre les membres des deux assemblées, des représentants des collectivités territoriales et de l’Outre-mer soit en tout près de 800 000électeurs. Le seul scrutin de la sorte porte à la présidence, le 21 décembre 1958, le Général de Gaulle qui, avec 77,5% des suffrages exprimés, devient Président sans que soit nécessaire un second tour. Pourtant ce dernier va choisir dès 1962, de réformer le système en proposant, au moyen d’un référendum, l’élection du Président de la République au suffrage universel direct, projet qui aboutira le 28octobre 1962, par la victoire du « oui » à 62% des suffrages exprimés. Alors pourquoi le Général De Gaulle a-t-il voulu que les français élisent directement leur Chef d’Etat ? Ici, il ne s’agit pas de se questionner directement sur les conséquences de ce suffrage – même si, par la clairvoyance de de Gaulle, certaines sont mises en lumière – mais bel et bien sur la pensée de l’homme : quelqu’un qui,s’il voulait faire beaucoup pour la Vème République et la vie politique française, avait néanmoins des ambitions personnelles qui l’ont poussé à se mettre à l’avant de ce processus – point d’avidité de pouvoir mais la certaine conviction que lui seul pouvait faire de la France cet Etat fort rêvé. Ainsi se dégage naturellement la problématique suivante : Entre ambition personnelle et souhaitd’entériner la Vème République et ses institutions, quels arguments exposait Charles De Gaulle en faveur de l’instauration de l’élection directe du Président de la République française ? La réponse à cette question se fera le long de deux grands axes : premièrement celui de la fin d’un Président arbitre ou l’émancipation de l’exécutif face au législatif, deuxièmement l’avènement d’un Président capitaineou l’achèvement et la continuité de la Vème République.

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I) De la fin de l’arbitrage : l’émancipation de l’exécutif face aux pratiques parlementaristes
1. Assurer sa réélection
Entre 1958 et 1962, Charles de Gaulle a assuré pleinement son rôle de commandant en chef, et ce, en sortant la France du problème algérien. Mais les accords d’Evian signés – le 18 mars1962, le besoin absolu d’une figure forte ne se justifie plus et les partis politiques traditionnels ont bien l’intention de reprendre leur place au sein d’un régime toujours parlementaire dans les textes et par conséquent d’évincer Charles de Gaulle. De plus, l’indépendance de l’Algérie, même si elle a permis de mettre fin au conflit, s’apprête à avoir des conséquences qui pourrait porter préjudiceà la personne de de Gaulle ; en effet, le Président doit maintenant faire face à l’afflux de 1 200 000 « pieds- noirs » vers la métropole et aux futurs problèmes de leur réinsertion : le contexte ne lui est définitivement plus favorable et il sait que les difficultés à venir pourront servir à ses détracteurs. Mais point de politique attentiste pour l’ancien Général, inutile d’attendre le…