Pour ou contre l’ouverture des commerces le dimanche

septembre 21, 2018 Non Par admin

POUR OU CONTRE L’OUVERTURE DES COMMERCES LE DIMANCHE

Le dimanche est chômé en France depuis un siècle. Le code du travail énonce l’interdiction de l’emploi de salariés le dimanche sauf dérogations ponctuelles dont le dispositif est lourd et complexe. Mais en 1988 quand Virgin décide d’ouvrir son Mégastore sur les Champs-Elysées tous les dimanches, le débat s’ouvre sur la nécessité d’unetelle politique commerciale. Faut-il généraliser l’ouverture des commerces le dimanche? Les Français restent divisés: les uns favorables à l’ouverture justifient leur position en évoquant la revitalisation de certains secteurs et le levier économique que constituerait l’ajout d’un jour d’ouverture; ils prônent également la liberté du commerce et la qualité de vie des habitants. Les autresdénoncent ces arguments économiques et mettent en avant le maintien des traditions dominicales familiales et l’impact sur l’emploi. Des solutions ont été envisagées pour tenter de réconcilier ces opposants.

Le premier argument avancé pour la.libéralisation est le changement de consommation des français notamment leur recours de plus en plus fréquent à l’achat en ligne. Pour le Ministre duCommerce et des PME, Renaud Dutreil, «la forte croissance de l’e-commerce en France est un argument pour autoriser l’ouverture..»; il estime qu’il «s’agit plus d’un surcroît de consommation que d’un phénomène de substitution».

De plus, l’ouverture dominicale des commerces serait un facteur de revitalisation des centres-villes. Selon Jérôme Bédier, président de la Fédération des entreprises ducommerce et la distribution, «dans tous les pays où il a été mis en place, il a permis une animation des villes et des commerces». Dans un rapport de la CCIP, Guy Coste, renforce cette idée en ajoutant qu’il peut être un facteur de «mobilisation des commerçants de proximité par effet d’impulsion et de création d’emplois».

D’autre part cette ouverture ne peut être évoquée sans aborder leprincipe de liberté; à cette fin Jérôme Bédier énonce clairement que «le principe de liberté d’ouvrir le dimanche doit être reconnu», liberté des commerces d’ouvrir ce jour-là et liberté accordée aux consommateurs de faire leurs courses le dimanche pour se simplifier la vie .Damien Dubuc constate qu’une majorité «des habitants d’Ile-de-France sont favorables à l’ouverture (…) pour se simplifier lavie». Il ajoute que les grandes chaînes de magasin souhaitent avant tout «répondre aux nouvelles attentes de la clientèle qui doit composer avec un emploi du temps toujours plus chargé en semaine», et Renaud Dutreil dans les échos du net souligne que «de plus en plus de gens font leurs courses le dimanche».

Paradoxalement, même si d’après Damien Dubuc «de plus en plus de salariés cherchentà travailler le 7e jour de la semaine », le dimanche reste associé traditionnellement aux activités familiales et aux loisirs et une majorité de Français ne veulent pas travailler ce jour-là. Selon la CCIP «une libéralisation complète par l’abandon de ce principe de repos dominical créerait un choc économique, social, et culturel trop brutal».En outre, libéraliser l’ouverture des commercesrisquerait d’avoir un impact négatif sur les emplois; l’Union Professionnelle Artisanale dénonce «un non-sens économique» qui se traduirait «par des suppressions d’emplois et des cessations d’activité dans l’artisanat et le commerce de proximité au profit de zones périurbaines».La CGT va encore plus loin en dénonçant la «destruction de milliers d’emplois dans les PME»; en effet les petits commerces sontdans l’incapacité de financer la prime du travail dominical à l’opposé des grands groupes de distribution.

Par ailleurs, considérer que cette ouverture occasionne un surcroît de consommation serait erroné; comme le stipule Nicolas Ballot «le chiffre d’affaires réalisé le dimanche entame celui du reste de la semaine»; les consommateurs se contenteront de répartir différemment le temps…