Pour ou contre la peine de mort
?
Chaque fois que des passants innocents sont déchiquetés par des attentats à la bombe, que des passagers inoffensifs agonisent dans des avions détournés par des pirates de l’air ou qu’un enfant kidnappé est tué par son ravisseur, des voix violentes s’élèvent et réclament la peine de mort pour les malfaiteurs. Mais à chaque fois il y a aussi des gens qui proclament que la peine capitale n’estpas la solution idéale, voire équitable, au problème de la criminalité. Qui a raison? Voyons de plus près les arguments qu’avancent les deux camps en présence.
Doit on être pour ou contre la peine de mort ?
Du côté des partisans de la peine de mort, on rencontre tout d’abord ceux qui voudraient adopter la célèbre loi du talion («Oeil pour oeil, dent pour dent!») inspirée de l’AncienTestament et selon laquelle il faut infliger au coupable le même traitement que celui qu’il a fait subir à sa victime. Ils justifient l’exécution du criminel par la place élevée qu’occupe la Vie dans la hiérarchie des biens et valeurs. Diderot résumait cette position en écrivant: «C’est parce que la vie est le plus grand des biens que chacun a consenti que la société eût le droit de l’ôter à celui quil’ôterait aux autres.» De plus l’emprisonnement (à vie) d’un assassin serait du gaspillage d’argent, l’entretien du criminel et de la prison coûtant trop cher. Ensuite les prisons modernes offriraient une vie beaucoup trop agréable et confortable à des gens ayant commis des crimes abominables. On craint également qu’un criminel dangereux enfermé seulement pour une certaine durée puisse recommencer àcommettre des crimes barbares, une fois remis en liberté. En outre il y aurait toujours le risque d’une évasion avec les mêmes conséquences. La peine de mort mettrait radicalement et définitivement fin à une telle éventualité. Finalement on pense que la peine de mort serait la meilleure méthode pour décourager d’autres à commettre des crimes odieux, qu’elle aurait donc un bon effet dissuasif surdes criminels potentiels et qu’on pourrait ainsi empêcher la criminalité de prendre de l’ampleur et d’infecter davantage notre société.
A ces arguments s’opposent les points de vue des adversaires de la peine capitale. Tout d’abord ils soulignent que la peine de mort ne répare rien, qu’on ne peut pas compenser un meurtre par un autre, qu’elle ne rend pas la vie aux victimes et qu’elle assouvittout au plus un désir de vengeance, certes subjectivement compréhensible, mais moralement répréhensible. En outre ils déclarent que chaque individu, donc aussi le criminel le plus ignoble, est unique et irremplaçable. Et comme il est unique et irremplaçable, la société n’a pas le droit de le supprimer. Même, ou surtout, l’État et sa justice ne pourraient donc pas porter atteinte au caractère absolude la vie. A leurs yeux, la peine de mort serait purement un abus de l’homme par l’homme. De plus, dans la vision chrétienne de la Création, la vie a été donnée par Dieu. Ce serait donc lui seul qui aurait le droit de la retirer à l’homme. Ensuite on doute, du côté des adversaires de la peine de mort, du caractère dissuasif de cette forme de châtiment. En effet des enquêtes et études ont prouvéque le criminel, avant de commettre son délit, ne se livre pas à de savants calculs pour voir si, oui ou non, il échappera à la peine capitale. Il fera simplement tout pour ne pas être arrêté. On ne pourrait donc raisonnablement pas croire que, parce que la peine de mort ferait peur aux honnêtes gens, elle fasse peur aussi aux criminels. Pour ceux-ci, elle ne ferait pas peur avant le crime, tout auplus ferait-elle peur après l’arrestation, donc quand c’est trop tard. Ainsi on a constaté au tribunal que la plupart des assassins, interrogés sur leur attitude au moment de leur acte, certifient qu’ils ont agi sans réfléchir aux conséquences de leurs actes. Puis, de nouveau dans une vision chrétienne de l’homme, nul n’est irrécupérable. Or, condamner un homme à mort, c’est lui retirer…