Philosophie : chapitre sur l’histoire

janvier 8, 2019 Non Par admin

PHILOSOPHIE : L’histoire

L’histoire, connaissance ou reconstruction du passé humain

? Pourquoi écrire l’histoire : conserver ou expliquer le passé ?
Qualifié de « père de l’histoire » par Cicéron, Hérodote d’Halicarnasse passe pour le premier historien. Des spécialistes des civilisations orientales ont montré l’existence de traditions historiographiques antérieures. En tout cas,Hérodote est le plus ancien dont l’œuvre a été conservée. Il déclare au début de ses Histoires que son intention première est la conservation des hauts faits et gestes des hommes : l’« enquête » qu’il entreprend à propos des guerres médiques a pour but « d’empêcher que les actions accomplies par les hommes ne s’effacent avec le temps… » et d’établir « pourquoi les Grecs et les Perses secombattirent ». Double souci : la conservation du passé et la recherche des causes des évènements qui ont marqué ce passé. Mais conserver entièrement le passé est impossible et la mémoire historique repose sur des choix plus ou moins arbitraires de l’historien. Thucydide, le deuxième grand historien grec, motive ses choix par la recherche de la « belle forme » et le souci « d’être utile à ceux qui voudrontvoir clair dans les évènements du passé, comme dans ceux semblables ou similaires que la nature humaine nous réserve à l’avenir ». ? Travail de reconstruction méthodique et d’interprétation du passé, ne serait-ce que pour sélectionner les sources et critiquer les informations. Avec cet objectif, il a ainsi contribué à séparer le plan de l’histoire de celui du merveilleux mythique. Pour luil’historien doit chercher à mettre en évidence des « types » généraux censés constituer « un trésor pour toujours, plutôt qu’une production d’apparat pour un auditoire du moment ». Pour Aristote, la tâche de fixer des types idéaux reviendrait davantage au poète qu’à l’historien.

? Les faits historiques sont-ils donnés ou construits ?
Le paradoxe de toute connaissance historique est qu’elle portesur un objet qui par définition n’est plus : le passé. Mais il faut d’une certaine façon le rendre à nouveau présent. Les historiens ont ainsi pris progressivement conscience du fait qu’en réécrivant l’histoire, il construisaient en partie leur objet. Dans tout « fait historique » entre une part de fabrication et de reconstruction. Le « fait historique » n’est donc pas une réalité donnée qui seraiten elle-même intelligible. Mais si l’on veut comprendre sa place dans un moment de l’histoire, il faut l’insérer dans un contexte plus général censé lui donner son sens propre. Cette distinction du fait et du sens pose au fond la question du type d’objet auquel a affaire la connaissance historique, et par conséquent, celle de l’objectivité de l’histoire.

? L’historien peut-il être objectif ?Il est difficile d’accorder à l’histoire le statut de science objective : l’historien a affaire à des évènements qui ne se produisent qu’une fois et qui sont singuliers. Faut-il en conclure que l’historien est condamné à n’avoir sur le passé que des points de vue subjectifs ? On peut, à l’intérieur de limites précisément définies, parler d’une certaine objectivité propre à l’histoire. Ellerepose sur la possibilité de faire entrer des cas singuliers sous des notions générales. On pourra exiger de l’historien qu’il cultive parallèlement un certain type de subjectivité correspondant à la nature de l’objectivité historique : cela suppose au moins des qualités d’indépendance, de rigueur et d’honnêteté. L’historien professionnel ne peut pas considérer le passé comme un magasind’évènements déjà constitués. Le passé historique se présente plutôt comme un domaine à l’intérieur duquel l’historien doit élaborer méthodiquement des problèmes. Il doit apprendre à croiser différentes méthodes, s’initier à différentes disciplines connexes. Dans la mesure même où la connaissance historique tend à objectiver le passé qu’elle étudie, on pourrait douter qu’elle puisse en avoir une…