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Profession de foi du vicaire savoyard
En janvier 1758, Rousseau adresse à Sophie d’Houdetot les Lettres morales, dans lesquelles il entreprend de dépasser les opinions contradictoires desphilosophes pour établir ses principes sur une certitude inébranlable.
Ces éléments sont repris et mis en ordre dans la Profession de foi du Vicaire savoyard, que Rousseau inclut au livre ÌV de l’Emile.L’inspiration cartésienne du projet, attestée dès le début du texte, ne doit pas masquer l’orientation générale de la Profession de foi, qui s’applique davantage à fixer une morale humaine qu’à fonder laconnaissance.
Le personnage du Vicaire, inspiré par les abbés Jean-Claude Gaime et Jean-Baptiste Gâtier, exprime bien cette exigence. Le Vicaire est catholique, mais « que devais-je penser quand jel’entendais quelquefois approuver des dogmes contraires à ceux de l’Eglise romaine et paraître estimer médiocrement toutes ses cérémonies ? Je l’aurais cru protestant déguisé, si je l’avais vu moinsfidèle à ces mêmes usages dont il semblait faire assez peu de cas ». Tout le mouvement de la Profession de foi est ici résumé : il suffit de consulter sa raison et son cœur pour découvrir les éléments dela religion naturelle (c’est-à-dire la morale de l’homme), dont le protestantisme s’approche davantage que le catholicisme.
Mais chaque individu doit rester dans la religion de ses pères, afin de nepas se contenter de spéculations abstraites et d’inscrire le sentiment religieux dans une communauté réelle. Destinée à exposer le christianisme de Rousseau, la Profession de foi est dirigée contreles matérialistes (il s’agit d’abord d’ Helvétius) et contre le clan des philosophes, dont le scepticisme étouffe les mouvements spontanés de l’âme : « L’indifférence philosophique ressemble à latranquilité de l’Etat sous le despotisme ; c’est la tranquilité de la mort ; elle est plus destructive que la guerre même ».
Les Lettres écrites de la montagne, quant à elles, critiqueront surtout…