Monologue de figaro – commentaire

octobre 1, 2018 Non Par admin

Objet d’étude : Convaincre, persuader, délibérer Texte 1 : BEAUMARCHAIS, Le Mariage de Figaro, 1784
La critique de la société au 18ème siècle Acte V, Scène 3

Introduction : Né en 1732, le parisien Pierre Augustin Caron de Beaumarchais, fils d’horloger, se révèle très vite doué pour les Sciences et les Lettres. Malgré de courtes études,c’est un ambitieux qui ressemble beaucoup à son futur personnage de Figaro : ses pièces seront nourries de ses déboires dans le commerce, de ses expériences de voyageur et de ses démêlés avec la justice en 1773. Il a exercé beaucoup de métiers, tour à tour horloger, professeur de musique, espion, politicien, traficant d’armes…
En 1784, il publie le Mariage de Figaro, joué à la Comédie Française. Lapièce obtient beaucoup de succès et ses accents pré-révolutionnaires seront un alibi de poids pour Beaumarchais en 1789. Cette comédie en 5 actes et en prose est une « folle journée » : malgré le respect apparent de la règle classique d’unité de temps, il se passe tellement de choses que les évènements doivent s’enchaîner à une vitesse folle. Dans l’extrait de la scène 3 de l’acte V, au soir de laFolle Journée, Figaro doit épouser Suzanne, mais il se méprend sur une supercherie qu’avaient orchestrée celle-ci et la Comtesse, et croit que sa fiancée le trompe avec le Comte. Trahi, furieux et désemparé, il entame un long monologue où il revient sur sa vie et sur sa condition…
Problématique : Quelle est la force de ce monologue théatral dans la critique de l’Ancien Régime ?
Dans un premiertemps, nous allons étudier les caractéristiques de ce monologue vivant, pour ensuite analyser le réquisitoire contre les abus de la société du 18ème siècle. Enfin, nous verrons en quoi cet extrait donne une nouvelle portée au personnage de théatre et au monologue.

1 – Un monologue vivant par sa vivacité et ses nombreuses variations
Malgré le fait que ce monologue soit une pause dans le rythmefou de la journée, il reste très vivant et vif grâce à une multitude de procédés, rendant bien la colère et le désarroi de Figaro, pour ne pas lasser le lecteur et le spectateur et lui donner à voir et à entendre un message…

A/ La vivacité du monologue qui empêche l’ennui de s’installer
? Un personnage en mouvement : beaucoup d’indications scéniques comme « se promenant dans l’obscurité », «il s’assied sur un banc », « il se lève »…
? Une alternance entre les différents types de phrase qui montre le trouble de Figaro : « Créature faible et décevante ! », « Vous vous croyez un grand génie ! » / « Est-il rien de plus bizarre que ma destinée ? », « Le tien est-il donc de tromper ? » / « Vous ne l’aurez pas. »
? Une variation dans les types de présent : présent de vérité générale «nul animal ne peut échapper à son instinct » et « ne pouvant avilir l’esprit, on se venge en le maltraitant », de narration « je me jette à corps perdu dans le théatre », d’énonciation « on vient… c’est elle… ce n’est personne. »

B/ Une multitude de destinataires donne l’impression d’un dialogue
? Apostrophes à la femme « Ô femme ! femme ! femme ! », au Comte « Non, Monsieur le Comte […] ! »? Multicité des pronoms et des métonymies « le tien », « le perfide », « vous »…
? Le principe de la répétition et l’adresse « parce que vous êtes un grand seigneur, vous vous croyez un grand génie ! »

C/ But : exprimer la révolte puissante de Figaro et l’exacerbation de ses sentiments
Il y a beaucoup de sentiments exprimés dans ce monologue sous différents tons : souffrance, colère,philosophie, humour…
? Une alternance entre les différents registres et les tonalités exprime le trouble et la souffrance de Figaro : pathétique et lyrique « créature faible et décevante », polémique à tonalité ironique « vous vous êtes donné la peine de naître, et rien d’autre !»
? Ses apostrophes sont des imprécations ( phrases exclamatives en surnombre au début du monologue…)
? Il en vient…