Méandres dominants

janvier 9, 2019 Non Par admin

Recueil de poésie, F. Altamira, éditions Artésis

Méandres dominants

1/ Présentation

La quatrième de couverture (je la cite car elle est à mon sens assez exhaustive dans la concision), nous indique :

« Neuf voyages.
Neuf périples à travers les méandres dominants d’un ange en déchéance et d’un homme en altération.
Blasphèmes salvateurs et interdits friables pour le Déchéange,plongées en lumières révélatrices ou répulsives pour l’homme, de détours en perversions, leur existence s’affolent et deviennent circonvolutions pénétrantes…
Les voyages s’emmêlent, les errants fusionnent, les parcours se frôlent et s’accolent en un tango instable, charnel et déviant !

2/ L’être-Ange entre dialectique et unité

Sans vouloir sombrer dans une lecture symbolique échevelée, ladimension proprement initiatique de l’ouvrage est mise en lumière d’elle-même… Pourtant, il n’est rien au niveau de la linéarité qui puisse indiquer un cheminement, une progression réels. Il semble plutôt que tous les éléments soient présents syncrhoniquement.

L’ange est un être pur d’essence : il est un, être et pur, mais dénué de la conscience de choses acquises par l’expérience de situationsexistentielles…
Le Déchéange (ange nouvellement déchu) réfute donc dans un premier temps ses chaînes de lumière imposée, pour devenir l’homme qui expérimente.
Une fois l’homme établi dans sa condition, ce qui fait l’ange lui devient ‘masque’ à dénoncer…
Et l’homme prenant alors la mesure des forces obscures qui l’habitent révèlera à l’ange (présent dans l’essence de l’homme) son prodigieuxpolymorphisme par l’acte d’écriture.
A peine une métaphore. A peine. Pourtant rien d’explicite, ni dans l’ordre, la progression, ni dans l’ostentatoire. Car ce qui frappe dès les premières pages, c’est cette chute – plus que descente par ailleurs – sans balise dans les profondeurs intrinsèques, non par une banale affirmation narcissique du ‘moi’ qui se décline, mais par la force et la violence d’unemétempsychose, le lien et la progression d’une déchéance choisie à travers les réseaux denses d’images qui se reprennent, se répondent et se réfléchissent…
Le recueil nous introduit par « dessiner en convenance le verbe sourd-muet » (l »écrire’), se poursuit plus loin par « Aveuglément nous laissons nos regards dressés ressusciter les astre réduits en poussière » ( la ‘vue’) et « Ma caverne pleure déjàmon absence » (Soledad)…
Et voilà posées les trois conditions nécessaires à ce voyage initiatique présent au long des pages mais non clairement déclamé… l’Exprimer, le -les- regards (le perceptif par extension), la réclusion…

Il nous est loisible d’appréhender ces neufs (chiffre comme épithète) voyages qui composent le recueil – d’ailleurs ‘voyage’ n’est qu’un vocable utilisé pour les commoditésde la compréhension, il s’agit en fait de ‘stases’ -, non comme les étapes successives, mais comme éléments spontanément présents dans la dimension de la métamorphose entamée (puisque le temps comme la durée sont des notions expurgées du recueil). Et, aucun de ces éléments ne saurait exprimer à lui seul la libération des attributs angéliques par l’aliénation à la condition du mortel.
Cettemétamorphose n’est pas non plus le résultat de leur mise en superposition.
Non, elle est le mystère de leur convergence vers un foyer central d’où rayonne le sens et la sensibilité.
Elles clament la vigueur d’une nouvelle conscience ex-haussé par l’angoisse, la peur, le renoncement, l’acceptation, la fuite, l’évanescence et la perception des choses, dans leur fulgurance et leur brièveté…
Parce qu’ila « toujours peur » qu’il est « toujours en colère et sans consolation », l’homme enseigne à l’ange la valeur de l’instant, la lutte, les affres du désir, la fureur du possédé(er)…

C’est donc un chemin nécessaire mais douloureux. Et nécessairement douloureux.
L’ange par sa déchéance ne contribue pas seulement à la désacralisation du monde (Déchéances) il est aussi, par lui-même désacralisé,…