L’originalité de la philosophie

décembre 22, 2018 Non Par admin

sens. C’est ce sentiment profond de curiosité qui gouverne la plupart des pensées ordinaires et c’est dans ces instants d’étonnement au quotidien que les questions dites philosophiques trouvent leur origine. Se poser de telles questions n’est pas conçu dans le but de détruire une vérité ou des convictions mais plutôt afin de s’assurer que la certitude s’appuie sur une vérité authentique etqu’elle est véritablement fondée en raison. L’intérêt est de trouver la vérité tout en évitant l’erreur et ainsi contribuer au développement de l’aspect constructif de la philosophie qui consiste à développer une image précise et productive de la réalité. Les aspects critique et constructif de la philosophie ne sont pas indépendants l’un de l’autre mais interdépendants. En effet, il n’y a pas grandintérêt à critiquer les idées et suggestions des autres sans avoir soi-même quelque chose de substantiel à proposer à la place, de la même façon qu’il n’y a pas grand intérêt à proposer des idées sans être prêt à les soumettre à la critique. Cela suppose donc un engagement « actif » de la part du philosophe face au monde, aux idées, aux concepts et à ses propres pensées. Car un autre aspect important –et peut-être est-ce aussi en cela que la philosophie se démarque des autres disciplines – c’est que, l’étude de la philosophie est indissociable de sa pratique. En d’autres termes, la compréhension du monde et de l’être et la démarche de raisonnement elle-même ne peuvent être séparées car ce qui atteste d’une tradition de pensée qui permet de parler de la philosophie, c’est la vocation à dialogueret à argumenter, animée par l’exigence de vérité. En effet, s’il n’est pas essentiel de savoir maîtriser la technique de la peinture pour faire de l’histoire de l’art, pas plus qu’il n’y ait besoin d’être un politicien pour étudier les sciences politiques, il faut en revanche savoir faire de la philosophie pour pouvoir en apprécier pleinement les apports. Il faut savoir analyser des arguments,poser les bonnes questions, et construire sa propre argumentation, solide et valable, sur un sujet philosophique donné. Cet engagement commence bien sûr par la compréhension des termes et concepts en jeu. On ne peut par exemple répondre à la question « Quel est le sens de la vie ? » si l’on ne s’entend pas sur le terme « sens ». Cela requiert l’emploi d’une grande précision dans le langage, précision quis’avère décisive étant donné que le langage ordinaire est parfois corrompu par des ambiguïtés qui vont à l’encontre du principe de clarté philosophique. C’est pourquoi le domaine de la logique a développé un « langage philosophique ». La mise au point de ce langage propre, qui rend le discours philosophique plus abstrait et plus hermétique pour le non-initié, constitue néanmoins une autrespécificité de la philosophie. Une autre étape caractéristique de la démarche philosophique consiste à rechercher les différentes façons de répondre à une question. Certaines réponses potentielles (ou vérités)

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peuvent paraître très sensées, évidentes même1, et d’autres absurdes, mais il est important d’essayer de déterminer quelles peuvent être les différentes positions puisque sans l’assuranced’avoir examiné toutes les possibilités, on ne peut jamais être persuadé d’avoir atteint la « vérité », ou tout du moins d’être arrivé à la conclusion la plus acceptable. D’un point de vue philosophique, il est par exemple tout à fait possible d’adhérer à la peine de mort, à condition que le sujet ait été envisagé sous tous les angles, en toute objectivité. En cela, la philosophie peut aider celui quila pratique à vivre mieux : ce dernier est en effet obligé de chercher en lui afin de trouver des arguments logiques pour des causes qui le sont moins. Cet effort de réflexion entraîne inévitablement davantage d’impartialité et une plus grande tolérance envers les idées des autres. C’est d’ailleurs à ce stade de la démarche critique que s’instaure véritablement un débat2. Effectivement, la…